Nouvelle escalade militaire à la frontière afghano‑pakistanaise : l’ombre d’un conflit ouvert
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- il y a 14 heures
- 3 min de lecture

Islamabad / Kaboul, 12 octobre 2025
Une violente confrontation armée s’est déclenchée ces dernières heures le long de la ligne de front entre l’Afghanistan (contrôlé par les Talibans) et le Pakistan. Les combats, impliquant des tirs d’artillerie, des assauts sur postes frontaliers et des contre‑ripostes, menacent de déraper vers un conflit plus large.
Une montée en tension
Selon Reuters, le Pakistan a fermé plusieurs points de passage frontaliers (Torkham, Chaman, Kharlachi, Angoor Adda, Ghulam Khan) après d’intenses échanges de tirs. Islamabad affirme que des troupes afghanes ont ouvert le feu « sans provocation » sur des postes pakistanais en réponse à des frappes aériennes antérieures menées en territoire afghan.
Dans un communiqué, l’armée pakistanaise indique avoir « détruit plusieurs postes afghans » dans sa riposte à ces attaques.

Les revendications contradictoires
Le gouvernement taliban affirme avoir tué 58 soldats pakistanais lors d’opérations nocturnes et capturé 25 postes frontaliers comme représailles aux violations de son territoire.
De leur côté, les autorités pakistanaises dénoncent des « attaques non provoquées » menées par les forces afghanes sur la population civile et les installations militaires situées du côté pakistanais.
Islamabad accuse les Talibans de donner refuge au Tehreek‑i‑Taliban Pakistan (TTP), un groupe insurgé responsable de nombreuses attaques à l’intérieur du Pakistan un lien nié par les Talibans.
Le théâtre des combats
Des affrontements ont été signalés dans plusieurs provinces frontalières, notamment Kunar, Nangarhar, Helmand, ainsi que dans des zones plus périphériques. Le Pakistan aurait utilisé de l’artillerie, des chars et des armes lourdes pour riposter.
Les autorités pakistanaises affirment également que les tirs afghans comprenaient des attaques sur des zones habitées, ce qui constituerait selon elles une violation des lois internationales.
Contexte antérieur et enjeux
Ce n’est pas la première fois que la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan flambe. Le tracé de la ligne Durand, pourtant controversé et jamais pleinement reconnu par Kaboul, alimente depuis des décennies des tensions frontalières.
Par ailleurs, l’augmentation des opérations contre le TTP en territoire pakistanais a souvent été suivie de frappes transfrontalières ou de représailles de Kaboul.
La fermeture des points de passage frontaliers impacte immédiatement les échanges commerciaux : le principal passage, Torkham, est une artère vitale pour les importations en Afghanistan. D’après des sources, les pertes économiques quotidiennes liées à cette fermeture sont déjà estimées à des millions de dollars.
Scénarios et risques
Escalade militaire généralisée
Si une des parties décide d’élargir les opérations, des frappes aériennes ou une intervention terrestre pourraient suivre.
Spirale des représailles
À chaque attaque pourrait succéder une riposte, rendant toute stabilité précaire.
Conséquences humanitaires
Fermeture des passages, interruption des flux de biens essentiels, déplacements de populations le long de la frontière.
Rôle international / diplomatie
Des acteurs régionaux (Chine, Iran, pays du Golfe) et des organisations internationales pourraient intervenir pour désamorcer la situation.
Fragmentation locale
Des groupes tiers, comme le TTP ou d’autres entités insurgées, pourraient exploiter le chaos pour s’étendre ou redevenir actifs.
Carte de la zone de conflit
à lire aussi :
Trump affirme que María Corina Machado lui a dédié son prix Nobel de la paix : “Elle me l’aurait donné si je l’avais demandé”
Analyse & perspectives
La situation est à ce jour caractérisée par une forte incertitude : chaque camp avance des chiffres contradictoires sur les pertes ou les gains territoriaux. Le nombre de « 58 soldats pakistanais tués » revendiqué par les Talibans n’a pas été confirmé de manière indépendante.
Mais plusieurs points sont clairs :
Le Pakistan considère les attaques comme une menace directe à sa sécurité nationale, en soulignant le rôle du TTP comme motif récurrent de divergence entre les deux pays.
Les Talibans, de leur côté, mettent en avant la souveraineté nationale et l’argument de la riposte face aux violations présumées.
Le verrouillage des frontières et les ruptures commerciales aggraveront les conditions économiques déjà difficiles de l’Afghanistan.
Dans les heures et les jours à venir, la clé sera de savoir si un cessez-le-feu sera négocié ou si l’escalade se poursuivra. Le monde regarde cette frontière sensible, jadis théâtre de guerres majeures avec inquiétude.