Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie : la ligne prudente du président finlandais
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 29 sept.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 oct.

Le président finlandais, Alexander Stubb, a récemment affirmé qu’il ne donnerait pas d’ordre immédiat d’abattre des drones russes s’ils franchissaient la frontière finlandaise. Selon lui, la Finlande doit rester mesurée, sans chercher à « franchir la ligne ».
Un choix raisonné dans un contexte tendu
Cette position intervient dans un contexte où les incursions de drones russes en Europe, notamment en Pologne, suscitent de vives réactions. Stubb juge que ces actes constituent des « tests » de la ligne de résilience des pays occidentaux. Il a également déclaré douter que la Russie lance une attaque semblable contre la Finlande, arguant que le pays ne se situe pas sur la trajectoire directe de telles opérations.
Le président finlandais affirme que la Finlande est bien armée pour surveiller toute intrusion. Mais il tient à éviter des escalades inutiles : « La santé reste dans la retenue ; on ne doit pas précipiter des actes irréfléchis » (version reconstituée des propos).

Entre dissuasion et limites légales
Stubb ne nie pas la possibilité d’une réponse militaire si nécessaire, mais insiste sur l’importance de la phase de dissuasion. Abattre un drone en violation de l’espace aérien finlandais pourrait constituer une réponse disproportionnée, ou même être interprété comme une action hostile.
En parallèle, il souhaite que l’OTAN, dont la Finlande est membre, joue un rôle central dans la coordination des réponses collectives aux provocations. Il rappelle que l’article 4 du traité de l’OTAN (consultations en cas d’« éventuelle menace à l’intégrité territoriale ») pourrait être mis à l’épreuve.

Réactions régionales et enjeux stratégiques
L’attitude finnoise contraste avec d’autres membres de l’OTAN qui n’hésitent pas à condamner fermement les violations récentes. Par exemple, la Pologne a réagi en abattant quatre drones lors d’une incursion en septembre 2025.
Certains observateurs voient dans la Finlande un modèle de gestion mesurée de la frontière Est : détecter, défendre, mais sans céder à la tentation de l’escalade immédiate. La Finlande mise, selon eux, sur une dissuasion « graduée » plutôt que sur des ripostes provocatrices.
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Les risques d’une ligne trop prudente
Mais cette stratégie comporte des risques :
En cas de tolérance répétée, l’adversaire pourrait tester encore davantage la réactivité finlandaise.
La perception publique pourrait juger cette retenue comme un manque de fermeté dans la défense nationale.
La frontière russo-finlandaise est longue et difficile à surveiller intégralement, ce qui limite les marges d’action.
Alexander Stubb adopte une posture diplomatique mesurée : reconnaître la menace, se préparer à riposter si besoin, mais sans céder à des gestes impulsifs. Dans un climat militaire déjà saturé de provocations et d’attaques hybrides, sa stratégie vise à préserver la stabilité tout en défendant la souveraineté de la Finlande. Toutefois, le véritable test consistera à savoir jusqu’où il pourra tenir cette ligne face à des provocations répétées.
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