Kenya : les manifestations Saba Saba virent au drame – 31 morts, plus de 500 arrestations
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 9 juil.
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Nairobi, 9 juillet 2025 – Le Kenya s’enfonce dans une crise sans précédent. Selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR), au moins 31 personnes ont été tuées et 532 arrêtées lors des manifestations du 7 juillet, jour symbolique de Saba Saba, commémorant les soulèvements pro-démocratie de 1990.
Ce qui devait être une mobilisation pacifique contre les hausses d’impôts et la corruption s’est transformé en un bain de sang, marqué par des affrontements violents entre manifestants, forces de l’ordre et groupes armés non identifiés.
Une répression qui choque
Le KNCHR a recensé 107 blessés et 2 disparitions forcées. Dans un communiqué, la commission accuse ouvertement la police de collusion avec des gangs armés, décrivant des scènes où des hommes munis de lances et de machettes s’en sont pris aux manifestants.
« Nous condamnons fermement toutes les violations des droits humains. Tous les responsables, qu’ils soient policiers, civils ou autres, doivent rendre des comptes », a déclaré le KNCHR.

La Génération Z en première ligne
Ces manifestations s’inscrivent dans un mouvement plus large né en juin 2024, mené par une jeunesse kényane en colère – la Génération Z. Mobilisée contre un projet de loi fiscale jugé insoutenable, cette jeunesse réclame aujourd’hui la démission du président William Ruto, accusé de mauvaise gestion, corruption et autoritarisme.
Le Barreau du Kenya et le groupe de travail sur la réforme de la police dénoncent un usage illégal de la force : armes militaires, agents masqués, véhicules non identifiés, en dépit d’ordonnances judiciaires interdisant de telles pratiques.
Des manifestations ont éclaté dans 20 des 47 comtés du pays, notamment à Nairobi, Mombasa, Kisumu et Eldoret.
Réactions internationales
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit profondément préoccupé, évoquant des "meurtres extrajudiciaires" et une répression brutale. Le bilan total depuis le début des manifestations en 2024 dépasse désormais les 100 morts.
Une déclaration incendiaire du gouvernement
Le ministre de l’Intérieur Kipchumba Murkomen a ravivé la colère en appelant la police à « tirer à vue » sur toute personne approchant un poste de police. Des propos jugés provocateurs et irresponsables alors que le pays est en ébullition.
Le Kenya est à la croisée des chemins. Alors que les appels à la justice et aux réformes se multiplient, les regards se tournent vers le gouvernement Ruto : cédera-t-il aux demandes de dialogue ou choisira-t-il de renforcer encore la répression ?