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Face à la Russie, l’Europe esquisse enfin sa propre armée: simple illusion ou vraie révolution militaire ?



Le 10 avril dernier, dans l'ombre du siège de l'OTAN à Bruxelles, un événement discret pourrait bien marquer un tournant pour l'avenir militaire européen. Réunis autour de la « coalition des volontaires » — ce cercle informel mené par la France et le Royaume-Uni, épaulé par quelques alliés britanniques — plusieurs pays rêvent tout haut de franchir un cap historique: doter l'Europe d'une force militaire indépendante.

Un vieux serpent de mer? Peut-être. Mais la guerre en Ukraine et les incertitudes sur l'engagement américain, exacerbées par le retour de Donald Trump sur la scène politique, ont donné à ce vieux projet un coup d'accélérateur sans précédent. Reste une question: l’Europe peut-elle vraiment devenir un acteur militaire mondial de premier plan? Rien n'est moins sûr, prévient le média The Insider.


Une armée européenne: des promesses aux réalités

Depuis deux décennies, Bruxelles aligne les sigles – PESC, PSDC, missions EUMAM... Pourtant, malgré ses 23 missions civiles et militaires en cours (formation en Ukraine, surveillance en Afrique), l'UE reste bien plus une puissance diplomatique armée qu'une véritable force de projection militaire.

Et sur les dossiers lourds – dissuasion nucléaire, renseignement stratégique – l'Europe dépend toujours largement des États-Unis. Même ses deux poids lourds, la France et le Royaume-Uni, ne disposent que d'un porte-avions chacun, loin de rivaliser avec la flotte américaine.



L'Ukraine, catalyseur d'une ambition européenne

Mais la guerre change tout. Sous la pression de Kiev et de son président Volodymyr Zelensky, qui appelle à créer une force européenne capable de se substituer au "parapluie" américain, l'idée avance. Le scénario envisagé: déployer 20.000 à 30.000 soldats européens en Ukraine, dans des zones sécurisées, loin du front. Objectif: protéger des infrastructures stratégiques et adresser un message clair à Moscou.

Un symbole fort, certes. Mais sur le terrain, une telle mission resterait d’un poids militaire limité, plus dissuasive que véritablement décisive.





Argent, avions et ambitions: où sont les vraies batailles?

Rien n'est gratuit: maintenir plusieurs dizaines de milliers de soldats pendant dix ans coûterait environ 40 milliards de dollars (35,2 milliards d’euros), sans compter l’aide à la reconstruction de l’Ukraine. La France, les pays baltes et la Force expéditionnaire conjointe britannique (JEF) pourraient contribuer, mais les montants nécessaires sont gigantesques.

Autre piste, jugée plus réaliste: l'opération SkyShield, une coalition de 120 avions européens pour protéger le ciel ukrainien sans poser un pied au sol. Une stratégie aérienne plus prudente, mais potentiellement plus efficace pour contrer les bombardements russes sur les infrastructures civiles.


Une Europe militaire encore loin de l'autonomie

Sur le papier, les armées européennes comptent 1,5 million de soldats. Mais en cas de confrontation directe avec la Russie, il faudrait pas moins de 300.000 soldats américains pour tenir la ligne, selon les experts.

Le chemin vers une vraie autonomie stratégique est donc encore semé d'embûches politiques, industrielles et budgétaires. Pour l’Europe, le défi est immense: devenir une puissance militaire crédible... ou rester dans l’ombre protectrice de Washington.


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