Somalie : "Un pays pourri" pour Donald Trump
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 12 heures
- 3 min de lecture

Lors d’une réunion gouvernementale marquée par une virulence inhabituelle, Donald Trump a lancé une nouvelle attaque contre la Somalie et sa diaspora. Ses propos, qualifiés de racistes par de nombreuses organisations, s’accompagnent d’un durcissement annoncé de la politique migratoire américaine, particulièrement envers les ressortissants somaliens.
Un discours ouvertement hostile
Le président américain a décrit la Somalie comme un « pays pourri » et affirmé qu’il ne voulait plus accueillir de migrants somaliens aux États-Unis. Il a accusé la diaspora de « ne rien apporter » au pays et a même renouvelé ses attaques contre l’élue d’origine somalienne Ilhan Omar, qu’il a insultée publiquement.
Ces déclarations ne relèvent pas seulement d’un excès verbal : elles ouvrent la voie à une nouvelle vague de mesures restrictives, notamment des opérations d’ICE ciblant les communautés somaliennes du Minnesota, où réside l’une des plus importantes diasporas du pays.
Un durcissement déjà en cours
L’administration prévoit la fin de plusieurs protections accordées aux réfugiés somaliens, dont le statut de protection temporaire (TPS), qui permettait à des milliers d’entre eux de vivre légalement aux États-Unis.Cette décision pourrait entraîner des expulsions massives vers un pays encore profondément instable.
Au-delà des personnes en situation irrégulière, Trump indique vouloir réduire de manière drastique l’immigration provenant de pays africains ou majoritairement musulmans, renforçant ainsi l’idée d’une politique fondée sur des considérations identitaires et non uniquement sécuritaires.
Quel est le rôle des États-Unis dans la guerre en Somalie ?
Pour comprendre l’impact de ces mesures et l’hypocrisie dénoncée par plusieurs observateurs, il est nécessaire de rappeler que les États-Unis jouent un rôle majeur dans le conflit somalien depuis plus de 30 ans.
Héritage de l’intervention militaire des années 1990
En 1992, les États-Unis interviennent dans la guerre civile somalienne sous couvert d’une mission humanitaire.
L’opération se transforme en intervention armée : affrontements meurtriers, pertes civiles, et traumatisme durable, notamment l’épisode de « Black Hawk Down ».
Le retrait américain en 1994 laisse un pays encore plus fracturé et affaibli.
La "guerre contre le terrorisme" et les frappes contre Al-Shabab
Depuis le milieu des années 2000, Washington mène des opérations militaires contre le groupe islamiste Al-Shabab, affilié à Al-Qaïda.
Les États-Unis effectuent régulièrement des frappes aériennes, souvent par drones, qui ciblent des combattants mais touchent aussi des civils.
Cette stratégie contribue à affaiblir le groupe, mais alimente également un ressentiment anti-américain et de nouvelles vagues de radicalisation.
Soutien au gouvernement somalien
Les États-Unis financent et forment l’armée somalienne.
Ils soutiennent des missions internationales, comme l’AMISOM puis l’ATMIS, mais leur implication politique reste fluctuante selon les administrations.
Cette aide militaire est essentielle mais insuffisante, et la Somalie reste dépendante des forces étrangères pour sa sécurité.
Pression diplomatique et conséquences sur la diaspora
En affaiblissant les protections migratoires, Washington renvoie de nombreux exilés dans un pays où ils ne disposent d’aucune sécurité.
Ces retours forcés aggravent les difficultés sociales, économiques et sécuritaires du pays, déjà fragilisé.
Les États-Unis, qui jouent un rôle dans la stabilisation military, contribuent paradoxalement à la déstabilisation sociale par leur politique migratoire.
Réactions au sein des communautés somaliennes
Dans le Minnesota et ailleurs, responsables locaux, associations et citoyens dénoncent une politique fondée sur la peur et la stigmatisation. Beaucoup rappellent que la diaspora somalienne contribue largement à la vie économique et sociale américaine : entrepreneurs, travailleurs essentiels, étudiants, élus.
Les familles craignent désormais les descentes d’ICE, la perte de leur statut légal, et la possibilité de devoir retourner dans un pays qu’ils ont fui pour survivre.
A lire aussi :
Un tournant politique lourd de conséquences
Les attaques de Trump contre la Somalie s’inscrivent dans une vision plus large : réduire drastiquement l’immigration issue des régions du monde jugées « indésirables » par son administration. Elles s’opèrent alors même que les États-Unis continuent de jouer un rôle actif dans le conflit somalien rôle parfois stabilisateur, parfois aggravant ce qui rend encore plus paradoxale l’idée de renvoyer des réfugiés dans l’un des pays les plus instables du globe.
Loin d’être un simple effet d’annonce, ce durcissement migratoire pourrait bouleverser des milliers de vies et tendre davantage les relations entre Washington, la diaspora somalienne et la Somalie elle-même.






























