Hezbollah : une absence de réaction qui fait grimper la tension
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste
- il y a 5 jours
- 3 min de lecture
Liban : Pourquoi le Hezbollah ne riposte-t-il pas ?
Malgré les cessez-le-feu conclus le 10 octobre 2025 avec le Hamas et le 27 novembre 2024 avec le Hezbollah l’armée israélienne poursuit ses frappes, à la fois dans la bande de Gaza et au Liban. Ces opérations, parfois chirurgicales, parfois plus larges, entretiennent une tension régionale constante.Face à cette situation, une question domine au Liban : pourquoi le Hezbollah ne riposte-t-il pas ?
Une retenue qui interroge : stratégie ou contrainte ?
Pour beaucoup d’observateurs, la non-réaction du Hezbollah ne traduit pas une faiblesse, mais un calcul stratégique. Le mouvement chiite maîtrise parfaitement l’échelle de ses actions, et sa discrétion actuelle répond à des impératifs multiples.
Le coût d’une guerre totale : insupportable pour le Liban
Le Liban est à bout :
économie effondrée,
infrastructures fragilisées,
institutions paralysées,
Sud du pays encore à reconstruire.
Une guerre ouverte avec Israël serait synonyme d’un effondrement complet. Le Hezbollah sait que beaucoup de Libanais y compris parmi ses sympathisants redoutent un nouveau conflit majeur. Engager une confrontation frontale risquerait de l’isoler sur la scène intérieure.
Le parapluie américain autour d’Israël
Israël bénéficie du soutien constant de Washington, qui réaffirme son engagement pour « la sécurité de l’État hébreu ». Ce soutien se traduit par :
des pressions indirectes sur le Hezbollah via des acteurs régionaux,
des mises en garde adressées à l’Iran,
un avertissement clair : toute escalade pourrait entraîner une implication américaine.
Dans ce contexte, chaque tir du Hezbollah pourrait déclencher une réaction beaucoup plus large un risque que le mouvement ne veut pas prendre.
Le facteur iranien : un soutien affirmé, mais conditionné
L’Iran, principal allié et parrain stratégique du Hezbollah, suit de près la situation.Selon des messages diplomatiques et déclarations relayées dans la presse régionale, Téhéran a laissé entendre que, dans l’hypothèse d’une guerre ouverte contre le Liban, il se rangerait aux côtés du Hezbollah.
Ce soutien potentiel, régulièrement rappelé sur le plan politique, a une double lecture :
il renforce la dissuasion, en signalant à Israël qu’une attaque massive pourrait s’étendre au-delà du Liban ;
il incite paradoxalement à la prudence, car une guerre impliquant directement l’Iran bouleverserait tout l’équilibre régional.
Autrement dit : le Hezbollah ne veut pas offrir à Israël ou à Washington le prétexte d’un embrasement généralisé.
Une stratégie de “friction contrôlée”
Le Hezbollah poursuit sa politique d’actions limitées :
présence militaire visible,
drones de surveillance,
tirs sporadiques,
déclarations mesurées.
Rien qui puisse déclencher une guerre. Juste assez pour montrer qu’il reste présent, attentif et capable mais sans franchir la ligne rouge.
Le temps long : une caractéristique de la doctrine du Hezbollah
Dans la logique militaire du Hezbollah, la riposte n’a pas besoin d’être immédiate.Le mouvement s’inscrit dans une stratégie régionale étendue, où chaque action s’évalue en fonction :
de Gaza,
de la posture américaine,
des intérêts iraniens,
du calendrier politique libanais.
La réponse peut venir plus tard, autrement, ou ailleurs.
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Une retenue explosive
Si le Hezbollah ne réagit pas directement aujourd’hui, ce n’est ni par désengagement ni par renoncement. C’est parce que la moindre erreur peut provoquer une guerre qu’aucun des acteurs pas même l’Iran ne souhaite déclencher à ce stade.
Mais cet équilibre reste précaire. La tension monte, les incidents s’accumulent, et l’espace diplomatique se réduit.
Dans ce contexte, la retenue apparente du Hezbollah pourrait céder, que ce soit par nécessité stratégique, par pression régionale ou par un incident incontrôlable.
La question n’est plus seulement : pourquoi ne riposte-t-il pas ?Mais plutôt : combien de temps encore cette retenue pourra-t-elle tenir ?
