Finlande : Antti Häkkänen met en garde contre une « deuxième phase de l’agression russe »
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture

À l'occasion d'une réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, le ministre finlandais Antti Häkkänen a mis en garde contre une nouvelle phase potentielle de menaces émanant de la Russie, au-delà du conflit actuel en Ukraine. Selon lui, Moscou renforce progressivement sa présence militaire aux frontières de l'Union européenne et pourrait préparer une escalade post-conflit qui viserait directement les États membres de l’OTAN.
Une menace persistante au-delà de l’Ukraine
« Après la guerre en Ukraine, il existe de réelles menaces pour l'OTAN », a déclaré Häkkänen, soulignant que la Russie « se prépare déjà à la prochaine phase de confrontation avec l’Occident ». Selon les services de renseignement finlandais, Moscou aurait accéléré le renforcement de ses capacités militaires dans les régions frontalières, notamment à proximité de la Finlande et des pays baltes.
Ce redéploiement comprendrait :
La reconstruction de bases militaires désaffectées.
Le positionnement accru de troupes conventionnelles.
Le développement de systèmes de défense anti-aérienne et de guerre électronique.
Une intensification des activités de renseignement et des actions hybrides (cyberattaques, désinformation, ingérence électorale).

Une stratégie à long terme de pression sur l’Europe
Le ministre finlandais a insisté sur le fait que, même si les ressources militaires russes sont actuellement concentrées en Ukraine, le Kremlin maintient une vision stratégique à long terme visant à affaiblir la cohésion euro-atlantique. La Finlande, membre de l’OTAN depuis 2023, considère ce redéploiement comme un signal clair : la Russie anticipe une période post-ukrainienne où elle chercherait à exploiter d’éventuelles divisions ou vulnérabilités en Europe.
« Le danger est que l’Europe baisse la garde dès que les armes se taisent à Kyiv », a averti Häkkänen. Il appelle les États membres de l’Alliance à éviter « l’erreur historique » de sous-estimer les intentions russes à moyen et long terme.
L’Europe appelée à accélérer sa préparation
Dans un contexte de tensions croissantes sur le flanc est de l’OTAN, la Finlande exhorte ses partenaires à renforcer significativement leurs capacités militaires. Selon Häkkänen, plusieurs priorités s’imposent :
Investissements massifs dans les systèmes de défense aérienne et anti-drones.
Amélioration des stocks de munitions, carburants et pièces détachées.
Modernisation des infrastructures logistiques et ferroviaires en Europe de l’Est.
Renforcement de la cybersécurité et des contre-mesures informationnelles.
Il a également souligné le besoin d'une feuille de route claire pour compenser un éventuel redéploiement stratégique des États-Unis vers l’Indo-Pacifique. « L’Europe doit devenir capable de défendre ses intérêts par elle-même, tout en restant intégrée dans l’architecture de défense transatlantique », a-t-il déclaré.

La Finlande : sentinelle du flanc nord de l’OTAN
En tant que pays partageant une frontière de 1 340 km avec la Russie, la Finlande joue désormais un rôle de première ligne dans la stratégie défensive de l’OTAN. Le pays continue de renforcer ses capacités nationales, notamment à travers :
Le maintien de la conscription obligatoire.
Une réserve opérationnelle de plus de 280 000 soldats.
Une industrie de défense modernisée.
Une posture de dissuasion intégrée avec ses voisins scandinaves et baltes.
Häkkänen a également rappelé que son pays ne cédera pas face aux provocations hybrides, telles que les incursions de drones russes ou les campagnes de désinformation. « Aucune tentative de déstabilisation ne nous fera fléchir. La Finlande est prête », a-t-il martelé.
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Perspectives régionales et diplomatiques
La déclaration du ministre intervient dans un contexte de tensions accrues en Europe du Nord et en mer Baltique. Plusieurs pays, dont l'Estonie et la Lituanie, ont récemment signalé des violations de leur espace aérien par des avions militaires russes. Tallinn a même invoqué l'article 4 de l'OTAN, qui prévoit des consultations en cas de menace perçue à l'intégrité territoriale d’un État membre.
Les propos de Häkkänen renforcent donc une tendance observée depuis plusieurs mois : la militarisation progressive de la relation entre la Russie et l’Occident, même en l’absence de conflit direct. Ils rappellent également la nécessité, pour les démocraties européennes, de conjuguer vigilance stratégique et unité politique.
Les avertissements du ministre finlandais de la Défense ne doivent pas être perçus comme une simple rhétorique alarmiste, mais comme une lecture lucide des dynamiques géopolitiques actuelles. L’« après-Ukraine » ne signifiera pas la fin des tensions avec la Russie, mais bien une nouvelle phase, plus insidieuse et potentiellement plus difficile à anticiper. Pour l’OTAN comme pour l’Union européenne, l’enjeu est désormais de transformer cette prise de conscience en actions concrètes et coordonnées.