Burkina Faso : le retour de la peine de mort sous Ibrahim Traoré
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste
- il y a 18 heures
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Un tournant majeur
Le 4 décembre 2025, le gouvernement burkinabè a officiellement adopté, en Conseil des ministres, un projet de code pénal rétablissant la peine de mort une peine que le pays avait abolie en 2018. Selon le communiqué gouvernemental, la peine capitale sera de nouveau applicable à certaines « infractions graves », notamment la haute trahison, le terrorisme, l’espionnage, entre autres.
Cette décision marque ainsi la fin d’une période d’abolition d’environ sept années, et de fait l’un des retours les plus spectaculaires de la peine de mort en Afrique de l’Ouest.
Dans quel contexte ?
Le pays est aujourd’hui dirigé par la junte militaire menée par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État en septembre 2022.
La justification officielle avance la montée des menaces terrorisme, insécurité interne, coups d’État ou espionnage comme motif pour “renforcer” l’arsenal judiciaire de l’État.
Le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, a déclaré que cette réforme s’inscrit “dans la dynamique des réformes globales du secteur pour une justice qui répond aux aspirations profondes du peuple.”
Conséquences et enjeux
Retour d’un châtiment extrême : la réintroduction de la peine de mort pose de lourdes questions éthiques et juridiques, tout particulièrement dans un contexte souvent dénoncé pour ses atteintes aux droits humains.
Signal politique fort : pour la junte, cette mesure envoie un message de fermeté envers les groupes armés, les “traîtres” et les “espions”. Mais ce retour pourrait aussi servir d’outil de répression réel ou perçu contre les opposants.
Réactions de la communauté internationale : de nombreuses institutions, ONG et États prônent l’abolition la réintroduction de la peine capitale risque d’isoler le Burkina sur le plan diplomatique et des droits humains.
Risque d’erreurs judiciaires irréversibles : en cas de procès bâclés, de condamnations injustes ou de manque de garanties, la peine de mort demeure définitive et irréparable.
Signification symbolique et morale
Le retour de la peine de mort n’est pas qu’un changement législatif. C’est un signal fort envoyant l’idée que l’État via une junte se réarme juridiquement face à l’insécurité. Mais c’est aussi un passage en force, qui inverse un acquis majeur de 2018.
De plus, dans un pays où les tensions sécuritaires sont intenses, cette mesure risque de raviver craintes et méfiances, voire d’alimenter un sentiment d’arbitraire, surtout si la justice n’est pas garant d’indépendance et de transparence.
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Une décision aux lourdes implications mais pas encore d’application concrète
À ce stade, le texte adopté doit encore passer par l’Assemblée de transition et l’examen des juridictions compétentes avant de devenir loi.
Autrement dit le rétablissement est approuvé, mais l’application effective reste à confirmer.



















