Macron apprend l’art de la guerre auprès de Xi Jinping
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 21 heures
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Macron à Pékin : un appel à l’influence chinoise
En visite d’État à Pékin début décembre 2025, Emmanuel Macron a tenté de convaincre Xi Jinping d’utiliser la position privilégiée de la Chine auprès de Moscou pour favoriser un cessez-le-feu en Ukraine. Le président français a averti que la persistance du conflit risque d’accélérer la désintégration de l’ordre international, exhortant son homologue chinois à « rejoindre les efforts pour restaurer la stabilité mondiale ».
Pour Paris, l’implication de la Chine la seule grande puissance à entretenir des liens étroits avec la Russie, tout en s’affichant comme partenaire commercial majeur de l’Europe pourrait être déterminante.
La réponse de Pékin : courtoisie diplomatique, refus stratégique
Face aux appels pressants de la France, Xi Jinping a opposé une fin de non-recevoir nette mais formulée avec prudence. Pékin réaffirme soutenir la paix et encourager le dialogue, mais refuse catégoriquement toute « pression » susceptible de cibler spécifiquement Moscou.
Xi a répété que la Chine ne saurait « endosser des responsabilités qui ne sont pas les siennes », insistant sur le principe de non-ingérence et sur la nécessité pour les grandes puissances de « préserver leur indépendance stratégique ».
En clair : la Chine ne condamnera pas la Russie, ni ne s’engagera dans une action pouvant être perçue comme hostile par le Kremlin.
Un contraste saisissant : Macron façon chef de guerre, Xi façon maître zen
La scène avait presque des airs de théâtre diplomatique. D’un côté, Emmanuel Macron, l’air martial, le torse légèrement bombé façon président prêt à galvaniser des troupes, se tenant devant des forces militaires chinoise déployées pour l’occasion. On aurait presque entendu une bande-son héroïque tant le chef de l’État semblait déterminé à projeter l’image d’un Occident ferme, sûr de lui, campé sur ses principes.
De l’autre, Xi Jinping observait tout cela avec un calme minéral, une sérénité qui aurait fait pâlir un maître de tai-chi au petit matin. Aucun effort, aucune tension dans les épaules : la force tranquille à l’état pur. Comme s’il assistait à la démonstration martiale de Macron avec la même intensité qu’on accorde à un spectacle de rue en passant, amusé et parfaitement maître de la situation.
Ce contraste n’a échappé à personne : Macron donnait l’impression de vouloir incarner l’Europe résolue, urgente, presque impatiente. Xi, lui, semblait rappeler silencieusement que dans le grand échiquier mondial, la puissance n’a pas besoin de hausser le ton ni de bomber le torse pour se faire entendre.
Pourquoi la Chine ne bouge pas : le calcul géopolitique de Pékin
Plusieurs facteurs expliquent ce refus :
Relations stratégiques avec Moscou : Depuis 2022, Pékin maintient un partenariat géopolitique, énergétique et commercial solide avec la Russie. Rompre ce lien fragiliserait ses intérêts en Eurasie et son rapport de force avec les États-Unis.
Ambition d’un rôle de médiateur “neutre” : En refusant de désigner un coupable ou d’exercer une pression directe, la Chine cherche à préserver une image de puissance équilibrée, capable de dialoguer avec tous.
Intérêts économiques majeurs : Le commerce sino-russe, notamment en énergie et en technologies, a explosé depuis le début de la guerre. Pékin ne souhaite pas mettre en péril cet avantage stratégique.
Vision multipolaire du monde : La Chine considère l’affaiblissement du bloc occidental comme une opportunité. Soutenir les demandes européennes reviendrait à renforcer la position occidentale face à Moscou, ce que Pékin juge contraire à ses intérêts.
L’Europe face à ses limites diplomatiques
La tentative française révèle les difficultés pour l’Europe de mobiliser des acteurs extérieurs dans le règlement de la guerre en Ukraine. Elle met aussi en lumière une réalité :l’UE ne peut pas compter sur la Chine pour infléchir la stratégie russe.
De plus :
Pékin n’a aucun intérêt à être perçu comme un allié de l’Occident dans ce conflit.
L’Europe ne dispose pas de leviers suffisants pour modifier la position chinoise.
Les divergences d’intérêts entre la Chine et l’UE sur les questions de sécurité, d’économie ou de gouvernance mondiale persistent.
A lire aussi :
Un avertissement stratégique pour l’Occident
Le message envoyé par Xi Jinping est clair : la Chine n’interviendra pas dans la relation russo-ukrainienne.
Pour l’Europe, c’est un signal fort :la résolution du conflit dépendra d’abord de sa propre capacité à agir politiquement, économiquement et stratégiquement plutôt que d’un hypothétique coup de pouce chinois.
Macron repart de Pékin avec l’assurance d’une coopération économique renforcée, mais sur le dossier ukrainien, la Chine a reconfirmé sa ligne : distance prudente, neutralité affichée, soutien implicite à la Russie.






























