Rwanda et RDC signent la paix… tandis que les combats continuent
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 22 heures
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Un accord sous haute tension
Le 4 décembre 2025, à Washington, les présidents de la République démocratique du Congo et du Rwanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ont signé un accord présenté comme « historique ». Sous médiation américaine, ce texte vise à mettre fin à des décennies de violences dans l’est de la RDC, une région ravagée par les conflits armés, les déplacements massifs de population et les rivalités régionales.
L’accord prévoit un cessez-le-feu, le désarmement des groupes armés, un mécanisme conjoint de sécurité, la garantie du retour des déplacés ainsi qu’un programme de coopération économique renforcée entre les deux pays. Il s’agirait, selon ses promoteurs, d’un cadre global de stabilisation et d’intégration régionale.
Une paix signée… mais les combats continuent
Pourtant, la signature de Washington contraste avec la situation sur le terrain. Dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, les combats se poursuivent, notamment entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, accusés de bénéficier du soutien militaire du Rwanda. Dans plusieurs localités, les affrontements ont fait de nouvelles victimes civiles, et les organisations humanitaires dénoncent des violations continues des droits humains.
Cette contradiction entre diplomatie et réalité rappelle les nombreux accords de paix précédents restés lettre morte. Beaucoup soulignent que sans changement effectif dans les dynamiques militaires et les alliances de fait, ni signature ni cérémonie officielle ne suffiront à stopper la guerre.
Une médiation internationale aux intérêts multiples
L’accord de Washington s’inscrit dans un contexte de forte implication internationale. Les États-Unis, qui ont accueilli et accompagné les négociations, cherchent à réaffirmer leur influence dans la région des Grands Lacs, où les enjeux de sécurité rejoignent ceux des ressources stratégiques.Des acteurs comme le Qatar ou l’Union africaine ont également contribué à pousser les deux parties à la table des négociations.
Derrière l’objectif affiché de paix, les questions économiques jouent aussi un rôle majeur. L’est de la RDC regorge de minerais essentiels aux technologies modernes : cobalt, coltan, or, étain. L’accord ouvre la voie à une coopération économique accrue entre Kigali et Kinshasa, avec la perspective d’attirer davantage d’investissements internationaux.
Mais cette dimension économique suscite la méfiance. Certains craignent que le texte, sous couvert de stabilisation, ne serve en réalité à organiser une exploitation plus rentable des ressources, sans améliorer la sécurité des populations locales.
Un accord nécessaire mais loin d’être suffisant
S’il constitue une avancée diplomatique importante, l’accord de Washington ne pourra produire ses effets que s’il est appliqué avec rigueur. Cela implique :
un désarmement réel des groupes armés ;
le retrait effectif de tout soutien ou ingérence régionale ;
des garanties de justice et de protection pour les civils ;
une stratégie de reconstruction économique et sociale dans les zones ravagées.
Sans ces actions concrètes, la paix restera fragile, voire illusoire.
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Pour la région des Grands Lacs, cet accord pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de coopération. Mais la méfiance reste de mise : les populations locales ont vu passer de nombreux accords qui n’ont jamais empêché la guerre de revenir.
L’enjeu central est désormais de transformer un texte diplomatique en solution durable. Les Congolais comme les Rwandais, et plus largement les habitants d’Afrique centrale, attendent une paix réelle faite de sécurité, de justice et de perspectives économiques, plutôt que de simples engagements signés dans des salles de conférence à des milliers de kilomètres de Goma ou de Bukavu.






























