Crise politique à Matignon : Sébastien Lecornu démissionne, la Ve République face à une instabilité inédite
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- il y a 7 jours
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Paris, le 6 octobre 2025 – Coup de tonnerre à l’aube à Matignon. Moins de 24 heures après la présentation partielle de son gouvernement, Sébastien Lecornu a présenté ce lundi matin sa démission au président Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée. Une décision fulgurante qui fait de Lecornu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avec un mandat d’à peine 27 jours.

Un gouvernement déjà sous le feu des critiques
Nommé le 9 septembre dernier, Sébastien Lecornu devait incarner un nouvel élan politique, un "tournant" voulu par l’Élysée après les revers électoraux et l’usure du pouvoir. Mais dès la publication, dimanche soir, de la première vague de nominations ministérielles, le ton est donné : continuité plus que rupture. La majorité des ministres sont des figures déjà connues et fidèles à Emmanuel Macron.
Dans un contexte de fortes attentes à droite, cette composition a provoqué une levée de boucliers immédiate. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, fraîchement nommé au sein du gouvernement, n’a pas tardé à dénoncer une « trahison de l’esprit d’ouverture » et a convoqué un comité stratégique des Républicains dès ce lundi matin, menaçant de quitter l’exécutif.
Une pression politique insoutenable
En quelques heures, le gouvernement Lecornu s’est retrouvé isolé sur tous les fronts. À droite, la fronde s'organise. À gauche, Olivier Faure conditionne l'absence de motion de censure à l’abrogation de la réforme des retraites. À l’extrême droite, Jordan Bardella réclame ni plus ni moins que la dissolution de l’Assemblée nationale, estimant que « la débâcle continue ».
Dans ce contexte explosif, la menace d’une triple motion de censure – de la NUPES, du RN et potentiellement des Républicains – rendait le discours de politique générale, prévu mardi à l'Assemblée, hautement périlleux. Lecornu n’aura pas attendu l’épreuve de force parlementaire.

Conséquences immédiates et climat d'incertitude
La démission du Premier ministre a un effet domino. Tous les déplacements ministériels ont été annulés ce matin, y compris celui de Gérald Darmanin. Le CAC 40 a ouvert en forte baisse, perdant 1,7 %, tandis que les valeurs bancaires s’effondrent de 4 à 5 %. La tension politique se double désormais d’une nervosité économique.
Dans la classe politique, les réactions s’enchaînent. Mathilde Panot (LFI) déclare que « le compte à rebours est lancé » et appelle Emmanuel Macron à quitter le pouvoir. Jean-Philippe Tanguy (RN) exclut pour sa part une entrée du Rassemblement national à Matignon sans élections anticipées : « Il faut une légitimité démocratique. »
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Quelle suite pour Emmanuel Macron ?
Avec trois Premiers ministres en moins d’un an, Emmanuel Macron se retrouve une fois encore face à un choix périlleux. Soit il tente une nouvelle nomination rapide à Matignon avec un profil d’ouverture politique – mais l’option semble de plus en plus étroite. Soit il opte pour la dissolution de l’Assemblée, à ses risques et périls, dans un contexte où le RN pourrait sortir largement renforcé.
Selon plusieurs sources, l’Élysée aurait entamé ce matin des consultations en urgence avec les chefs de partis et les présidents de groupe parlementaires.
Une Ve République à bout de souffle ?
La chute éclair de Sébastien Lecornu illustre la fragilité structurelle du pouvoir exécutif dans une Ve République désormais confrontée à un Parlement sans majorité claire et à une société en proie au doute. L’appel à un nouveau contrat démocratique, réclamé par une large part de la classe politique, pourrait devenir inévitable.