Budget de la Sécu : Lecornu décroche la majorité
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 23 heures
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Après des semaines de débats intenses et d’incertitude, l’Assemblée nationale a finalement adopté en nouvelle lecture le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Le texte a été approuvé à une faible majorité, 247 voix contre 234, confirmant le caractère incertain du vote jusqu’aux dernières minutes.
Un vote au cordeau
La discussion parlementaire avait déjà permis au gouvernement de faire passer début décembre la partie « recettes » du budget. Restait la partie « dépenses », la plus délicate, compte tenu de la réévaluation des besoins en santé et du déficit persistant des comptes sociaux. Le vote final s’est joué dans une ambiance tendue, révélatrice de la configuration politique actuelle : un exécutif sans majorité absolue, obligé de convaincre, d’ajuster, de négocier.
Le pari politique de Sébastien Lecornu
À la tête du gouvernement depuis l’automne, Sébastien Lecornu avait fait de l’adoption de ce budget un test majeur. L’enjeu était autant politique que financier. Le Premier ministre s’était engagé à ne pas recourir à l’article 49.3 pour faire adopter le texte, misant sur la « responsabilité » des députés pour éviter un blocage qui aurait aggravé le déficit social.
Une stratégie risquée, mais qui a finalement porté ses fruits. En optant pour une méthode de dialogue et de concessions ciblées, Lecornu a réussi à réunir un soutien suffisamment large et à démontrer qu’un chemin parlementaire restait possible sans passer en force.
Un déficit important, mais contenu
Le texte prévoit un déficit de la Sécurité sociale légèrement inférieur à 20 milliards d’euros pour 2026. Un chiffrage conséquent, mais jugé soutenable par le gouvernement, qui estime avoir évité un scénario bien plus dégradé. En cas de rejet, le déficit aurait pu atteindre près de 30 milliards d’euros, selon l’exécutif.
L’enjeu était également de préserver le financement des prestations sociales sans réduire trop fortement les dépenses de santé, très sollicitées depuis plusieurs années.
Des concessions pour rallier des voix
Pour obtenir une majorité, le gouvernement a dû faire plusieurs gestes significatifs. Parmi eux, la suspension de la réforme des retraites notamment le report de l’âge légal de 62 à 64 ans a été réintroduite dans le texte, un point crucial pour plusieurs groupes d’opposition.
Le budget rehausse également de manière modérée l’objectif national des dépenses d’assurance maladie. De plus, une enveloppe supplémentaire a été accordée aux territoires ultramarins afin de financer divers projets de santé publique, répondant à une demande forte des élus concernés.
Une adoption qui ne clôt pas le chapitre
Si cette adoption représente un succès politique pour Sébastien Lecornu, la partie n’est pas encore totalement gagnée. Le texte doit encore repasser devant le Sénat avant une ultime lecture à l’Assemblée. Le gouvernement reste donc sous la menace d’un nouveau blocage institutionnel ou d’une majorité mouvante.
Un signal pour la suite du quinquennat
Ce vote confirme la fragilité du paysage politique actuel, mais il envoie aussi un message : dans un Parlement fragmenté, la négociation demeure possible. Lecornu, en misant sur la persuasion plutôt que sur les outils constitutionnels, a réussi à préserver une forme de méthode parlementaire que beaucoup estimaient en voie de disparition.
Reste maintenant à savoir si cette dynamique pourra se maintenir lors des prochains textes budgétaires, notamment celui de l’État, annoncé comme plus complexe encore. Le budget de la Sécurité sociale, lui, marque une première étape : un exercice d’équilibriste, réussi de justesse, mais porteur d’enseignements sur la manière dont le gouvernement entend gouverner dans la durée.






























