États-Unis : la paralysie budgétaire s’installe, sans solution en vue
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication

- 30 sept.
- 3 min de lecture

Washington, 1er octobre 2025 — Les États-Unis sont officiellement entrés en période de "shutdown" mercredi à minuit, plongeant une partie de l'administration fédérale dans l'arrêt partiel de ses activités. Aucun compromis n’ayant été trouvé au Congrès entre les républicains et les démocrates, plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires se retrouvent en chômage technique, et de fortes perturbations sont attendues dans les services publics.
Il s'agit de la première fermeture du gouvernement depuis sept ans, et déjà, chaque camp s'accuse mutuellement d'en être responsable.

Un bras de fer politique
Mardi, le président Donald Trump a accusé les démocrates d’être à l’origine de cette paralysie : « Les démocrates veulent tout fermer, pas nous », a-t-il déclaré. Il a également laissé entendre que ce "shutdown" pourrait servir à purger l’administration fédérale de ses éléments jugés indésirables : « Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des shutdowns, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates », a-t-il lancé, dans une allusion à la réforme déjà amorcée de la fonction publique.
Selon certaines sources, cette stratégie serait liée aux travaux de la Commission à l’efficacité gouvernementale (Doge), fondée par son ancien allié Elon Musk, et chargée d’identifier des milliers de postes à supprimer.
Une opposition frontale
Du côté démocrate, le ton est tout aussi ferme. Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a dénoncé une volonté de blocage de la majorité républicaine :

« Il est minuit. Cela signifie que le blocage républicain vient de commencer parce qu'ils refusent de protéger les soins de santé des Américains. Nous continuerons à nous battre pour le peuple américain », a-t-il publié sur X (anciennement Twitter).
En retour, le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a accusé les démocrates de sacrifier les services publics pour des raisons idéologiques :
« Les mamans et les enfants perdent leurs aides alimentaires. Les anciens combattants, leurs soins de santé. La Fema, ses moyens d’action. Les soldats et les agents de la sécurité aérienne ne seront pas payés. »
Des conséquences immédiates

Le directeur du Bureau du budget à la Maison Blanche, Russell Vought, a ordonné aux ministères d’appliquer immédiatement leurs plans de fermeture, qualifiant la situation de "fermeture ordonnée".Environ 750 000 fonctionnaires seront concernés quotidiennement, selon les estimations du Bureau budgétaire du Congrès.
Les effets pratiques s’annoncent rapides et visibles : retards dans le trafic aérien, suspension de certaines prestations sociales, fermeture partielle de parcs nationaux… Une perturbation d’autant plus malvenue que débute aux États-Unis la très prisée saison du changement de couleur des feuilles, qui attire chaque année des millions de touristes.
Un coût économique significatif
Les économistes de Nationwide estiment que chaque semaine de shutdown pourrait coûter 0,2 point de croissance du PIB annuel. Pour autant, les marchés financiers semblent peu ébranlés par cette crise politique : mardi, le Dow Jones a atteint un nouveau record à Wall Street, signe d’un optimisme persistant des investisseurs à court terme.

Un blocage institutionnel
Les républicains, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, proposent une extension temporaire du budget jusqu’à fin novembre, sans ajout de dépenses. Les démocrates, eux, exigent la réintégration de plusieurs centaines de milliards de dollars supprimés des programmes sociaux, notamment dans le domaine de la santé (Obamacare).
Le système parlementaire américain exige 60 voix sur 100 au Sénat pour adopter un budget, ce qui oblige les républicains à obtenir l’appui d’au moins sept sénateurs démocrates – une perspective actuellement bloquée par l'impasse idéologique.
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Un conflit déjà ancien
La crise actuelle n’est pas sans rappeler le shutdown de l’hiver 2018-2019, également sous la présidence Trump, qui avait duré 35 jours — un record. En mars dernier déjà, une menace similaire avait été évitée de justesse après que dix sénateurs démocrates avaient accepté à contre-cœur de voter un texte républicain. Une décision qui avait déclenché de vives critiques au sein même du camp progressiste.
▶️ À retenir :
Les États-Unis sont entrés en shutdown à partir de minuit.
Aucun compromis n’a été trouvé entre démocrates et républicains sur le budget.
750 000 fonctionnaires sont mis en congé forcé, avec des conséquences concrètes sur les services publics.
Donald Trump se montre favorable à un shutdown qui servirait à "nettoyer" l'administration.
Aucun accord ne semble proche à ce stade.






























