Taïwan attaquée, l’Europe ciblée ? Rutte redoute une guerre à double front orchestrée par la Chine
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 13 oct.
- 2 min de lecture
Selon Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, un conflit autour de Taïwan pourrait s'accompagner d'une offensive russe en Europe, orchestrée en coordination avec Pékin pour détourner l’attention de l’Occident.
Le scénario évoqué a de quoi inquiéter les stratèges occidentaux. Dans une récente interview accordée au New York Times, Mark Rutte, tout juste nommé secrétaire général de l'OTAN, a mis en garde contre une possible coordination militaire sino-russe en cas de guerre dans le Pacifique.
Selon lui, une attaque chinoise contre Taïwan ne pourrait plus être envisagée sans tenir compte de ses répercussions en Europe. "Il est impossible de considérer séparément les régions indo-pacifique et euro-atlantique. Nous devons les voir comme un tout", a affirmé Rutte. L’ancien Premier ministre néerlandais estime que Pékin pourrait « instrumentaliser » Moscou afin de créer une diversion stratégique sur le flanc est de l’OTAN.
« Si Xi Jinping décide d'attaquer Taïwan, il avertira probablement Vladimir Poutine à l'avance et lui demandera de détourner l'attention de l'Occident en lançant une offensive en Europe », a-t-il déclaré.
Une stratégie de diversion militaire
L’idée n’est pas nouvelle dans les cercles de réflexion géostratégique : l’ouverture simultanée de plusieurs fronts afin de saturer les capacités de réaction de l’OTAN et de ses alliés. Ce que Rutte souligne toutefois, c’est la relation asymétrique croissante entre la Russie et la Chine, dans laquelle Moscou pourrait jouer le rôle d’"exécutant stratégique" au service des priorités de Pékin.
"La Chine pourrait forcer son ‘partenaire junior’ — la Russie dirigée par Vladimir Poutine — à entreprendre des actions contre l'OTAN ici, pour nous distraire", a-t-il expliqué.
Un scénario à moyen terme
Mark Rutte n’avance pas une menace immédiate, mais projette ce risque sur un horizon de 5 à 7 ans. Cette fenêtre temporelle coïncide avec la montée en puissance militaire de la Chine, la consolidation de l’axe Pékin-Moscou, et les incertitudes politiques au sein des démocraties occidentales, notamment aux États-Unis.
Son avertissement s’inscrit dans une volonté claire : préparer les membres de l’Alliance atlantique à penser les conflits futurs comme des crises interconnectées, où les lignes de front ne seront plus limitées par les continents ou les océans.
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Une OTAN à deux fronts ?
En posant la question d'une OTAN potentiellement confrontée à deux guerres majeures simultanées, l'une en Asie et l'autre en Europe, Rutte renforce l’appel à une augmentation des budgets de défense, à une meilleure coordination interalliée, et à une stratégie de dissuasion globale.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, que les tensions autour de Taïwan s’intensifient, et que les alliances autoritaires se renforcent, l'OTAN se trouve à un moment charnière de son histoire.
La déclaration de Mark Rutte sonne comme un signal d’alarme : le monde entre dans une nouvelle ère de confrontation systémique, où les alliances classiques devront s’adapter à des menaces hybrides, coordonnées et imprévisibles.
