Soudan : le patrimoine historique disparaît sous nos yeux
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 19 heures
- 3 min de lecture
Un trésor historique en danger

Au Soudan, le conflit qui ravage le pays depuis plusieurs mois ne menace pas seulement les populations civiles et les infrastructures : il met également en péril un patrimoine culturel exceptionnel, témoin de plusieurs millénaires d’histoire. Entre temples, pyramides méconnues, manuscrits anciens et artefacts archéologiques, le Soudan possède une richesse culturelle unique qui attire aujourd’hui pillards et trafiquants.
Selon des organisations de protection du patrimoine, des milliers d’objets ont été volés ou endommagés, profitant du chaos engendré par la guerre. Les musées et sites archéologiques, souvent mal protégés, sont particulièrement vulnérables.
Des sites emblématiques ciblés
Parmi les lieux touchés figurent :
Les pyramides de Méroé, vestiges de l’ancien royaume de Koush, dont certaines pierres et inscriptions auraient été arrachées.
Le site de Naqa et ses temples, connus pour leurs bas-reliefs et inscriptions, victimes de pillages et de détériorations.
Les bibliothèques et collections de Khartoum, où des manuscrits précieux et des documents historiques risquent de disparaître à jamais.
Ces pillages ne concernent pas seulement la destruction physique : le trafic international d’artefacts volés s’intensifie, alimentant un marché noir lucratif qui profite de la fragilité de l’État et de l’absence de contrôle sur les frontières.
Un contexte de guerre favorable aux trafics
Le Soudan traverse une période de violences généralisées entre factions armées, laissant de nombreuses zones hors de contrôle. Les conflits internes créent un terrain propice à l’exploitation du patrimoine culturel, tant par les groupes armés locaux que par des réseaux internationaux.
Selon les experts, le pillage est souvent organisé et systématique, avec l’objectif de revendre des pièces rares sur le marché international. La guerre a donc transformé le patrimoine culturel en enjeu économique et militaire, aggravant la perte de mémoire et d’identité pour le pays.
La dimension internationale et les alertes
Des organisations comme l’UNESCO ou l’ICOMOS ont tiré la sonnette d’alarme, appelant à une intervention rapide pour protéger les sites et empêcher la sortie illégale d’artefacts. Le pillage du patrimoine soudanais s’inscrit dans une dynamique observée dans d’autres pays en guerre, où la destruction culturelle accompagne souvent la violence contre les populations.
Certains pays et musées européens et américains ont déjà été alertés pour vérifier la provenance des objets exhumés ou mis en vente, mais le manque de coopération et les circuits opaques compliquent grandement la protection de ce patrimoine.
Conséquences pour l’histoire et l’identité soudanaise
Au-delà de la perte matérielle, ces pillages représentent une atteinte à la mémoire et à l’identité du Soudan. Chaque temple, chaque pyramide, chaque manuscrit pillé constitue une tranche de l’histoire effacée pour les générations futures. Les archéologues et historiens soulignent que la disparition de ces éléments pourrait compromettre la recherche scientifique et la compréhension de civilisations anciennes, comme le royaume de Koush et l’empire de Méroé.
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La guerre au Soudan ne se limite pas à des combats militaires : elle transforme également le pays en terrain de pillage culturel, mettant en péril des millénaires d’histoire. La communauté internationale et les autorités locales sont confrontées à un double défi : protéger les populations tout en préservant un patrimoine unique, irremplaçable, et porteur de mémoire.
Le sort du patrimoine soudanais illustre tragiquement comment les conflits contemporains menacent non seulement la vie humaine, mais aussi l’héritage culturel et historique de l’humanité.






























