L'Enfer au Soudan : Les Emirats- Arabes-Unis pointés du doigt
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- 31 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 oct.

Soudan : les combats sanglants se poursuivent, des milliers d’habitants en exil
Au Soudan, la guerre entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) continue de ravager le pays après plus de deux ans et demi de combats. Les paramilitaires viennent de s’emparer de la ville d’El-Facher, dans la région du Darfour, provoquant un exode massif de civils.
Quelques rares images de la prise de la ville circulent : on y voit des combattants des FSR célébrer leur victoire sur l’armée soudanaise. D’autres clichés, plus tragiques, montrent des dizaines de corps sans vie, notamment dans une maternité où plus de 400 civils auraient été tués.
Depuis le début du conflit, au moins 150 000 personnes ont péri. Les FSR contrôlent désormais une grande partie du pays. Leur chef, Mohamed Hamdan Daglo, alias Hemedti, a qualifié la conquête d’El-Facher de « tournant stratégique vers l’unité du Soudan ».
Mais cette bataille a surtout entraîné une nouvelle vague de déplacés. Des milliers de familles, principalement des femmes et des enfants, fuient les combats dans des conditions extrêmes. Deux jeunes filles ayant échappé à la ville témoignent :
« Beaucoup d’hommes armés sont arrivés. Nous n’étions pas assez fortes pour résister. Ils ont voulu séparer les femmes. Mon mari a été tué », raconte l’une d’elles. La majorité des réfugiés ont trouvé refuge à Tawila, à 60 km d’El-Facher, une zone encore épargnée par les affrontements. Le camp de fortune y abrite près de 570 000 personnes. Une mère de famille confie « Le voyage a été terrible. Nous avions soif, nous devions nous cacher. Pendant trois jours, même les enfants n’avaient rien à manger. »
Sur place, les conditions humanitaires sont catastrophiques : manque d’eau, rationnement, pénurie de nourriture et risques d’épidémies comme le choléra. Les ONG alertent sur une situation hors de contrôle.
Le rôle controversé des Émirats arabes unis

Selon plusieurs enquêtes internationales, les Émirats arabes unis (EAU) joueraient un rôle clé dans l’évolution du conflit. Des rapports du Foreign Affairs, du Washington Post et de Middle East Monitor évoquent un soutien logistique et militaire indirect des Émirats aux Forces de soutien rapide, notamment par l’envoi présumé de drones, d’armes et de matériel via des bases en Afrique de l’Est.
Les EAU, grands importateurs de l’or soudanais, auraient également contribué à financer les FSR à travers ce commerce, l’or étant devenu une ressource centrale dans l’économie de guerre du pays.
Le gouvernement soudanais a même porté plainte devant la Cour internationale de Justice, accusant les Émirats de complicité de crimes de guerre et de génocide. La Cour a toutefois jugé qu’elle n’était pas compétente pour statuer sur cette affaire.
Abou Dhabi nie toute implication militaire, affirmant soutenir uniquement des initiatives de paix et des projets économiques au Soudan. Pourtant, de nombreux observateurs estiment que les intérêts stratégiques des Émirats contrôle des routes de la mer Rouge, influence en Afrique de l’Est et accès aux ressources minières expliquent leur présence active dans la région.
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Crimes de guerre et impunité
Dans un rapport accablant, une commission d’enquête des Nations unies accuse les deux camps de crimes de guerre, et les FSR en particulier de crimes contre l’humanité.Pendant que les puissances régionales s’affrontent par procuration, la population soudanaise continue de payer le prix fort : famine, déplacements massifs, et effondrement total des services de santé et d’éducation.






























