L’administration Trump envisage de fournir à l’Ukraine des missiles à longue portée comme les Tomahawk ou les Barracuda.
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication

- 1 oct.
- 3 min de lecture

Un tournant possible dans l’appui américain
Selon le Wall Street Journal, l’administration Trump envisage de franchir un cap en fournissant à l’Ukraine non seulement des missiles à longue portée comme les Tomahawk ou les Barracuda, mais aussi une assistance plus intégrée : sélection des cibles et renseignements de guidage, y compris un guidage en vol.

Le vice-président américain J. D. Vance a confirmé que Zelensky avait directement demandé de telles livraisons — une requête en cours d’examen par le président Trump. Cette initiative signifierait une implication plus poussée des États‑Unis dans les opérations ukrainiennes au-delà d’un soutien matériel classique.
Par ailleurs, le rapport affirme que cette nouvelle stratégie de soutien est motivée par l’intention d’affaiblir l’économie russe : l’Ukraine pourrait cibler les infrastructures énergétiques profondes (raffineries, pipelines, centrales électriques), afin de réduire les revenus que Moscou tire de son secteur énergétique.
La ligne du Kremlin : prudence et avertissements
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi sobrement à ces perspectives, indiquant que « nous avons effectivement entendu ces déclarations, elles sont très sérieuses. Nous les analysons attentivement en ce moment ». Il a pris soin de temporiser l’impact : selon lui, aucun « panacée » ne changera du jour au lendemain la dynamique sur les fronts.
Peskov a également affirmé que ni les missiles (Tomahawk ou autres) ni le renseignement occidental ne suffiraient à transformer fondamentalement la situation militaire en faveur de l’Ukraine. Cette ligne, claire mais prudente, correspond à la stratégie russe de minimiser les effets de toute escalade tout en préparant ses ripostes.

Moyens, mais pas remède miracle
L’un des points saillants de l’analyse russe — et de l’évaluation stratégique en général — est que l’introduction de missiles à longue portée et d’un renseignement ciblé n’est pas une solution magique. Ces capacités peuvent ajouter de la pression sur les forces russes, forcer des redéploiements et compliquer les chaînes logistiques, mais elles ne garantissent pas une percée décisive.
Cela rejoint le discours élémentaire selon lequel, dans un conflit asymétrique, aucun système, aussi avancé soit-il, ne change instantanément le rapport de force établi.

Escalade, responsabilité et enveloppe nucléaire
Le second, et peut-être le plus critique, est que ce soutien accru — qui consisterait à equiper l’Ukraine pour porter des frappes pénétrantes largement dans le territoire russe — pourrait être interprété par Moscou comme une participation directe des États-Unis. Ce ne serait plus une guerre proxy ou hybride, mais une confrontation potentiellement plus ouverte.
Dans ce contexte, l’idée d’un retour à une sorte d’« équilibre nucléaire » refait surface. Les capacités américaines de frappe profonde et la doctrine russe d’escalade nucléaire (ou de riposte stratégique) deviennent des éléments saillants de la dissuasion mutuelle. Toute attaque russe pourrait être perçue comme touchant non seulement l’Ukraine, mais aussi des États-Unis implicites, modifiant le cadrage légal, moral et militaire de restes frontières floues.
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Enjeux & dangers
Toute frappe profonde conduite avec appui américain accroît le risque d’escalade incontrôlée, y compris une riposte russe contre des cibles en Ukraine ou même au-delà.
Cela impose un défi diplomatique majeur : les alliés européens devront accepter le fait que l’Amérique pourrait désormais franchir une ligne invisible auparavant évitée.
En termes de doctrine nucléaire, cela ravive le débat sur les conditions d’engagement, les seuils de déclenchement et la responsabilité partagée.
Enfin, pour la Russie, l’enjeu est double : désamorcer l’effet dissuasif de cette montée en puissance ou présenter des représailles crédibles sans glisser vers la catastrophe.
L’hypothèse d’un transfert de Tomahawks à l’Ukraine, assorti d’un appui en ciblage et renseignement, marque un tournant stratégique potentiellement très risqué. La Russie, via Peskov, adopte pour l’instant une posture de retenue calculée : reconnaître la gravité, mais temperer les effets attendus. En toile de fond, un nouveau jeu d’équilibrisme nucléaire pourrait se dessiner — où chaque acte, chaque autorisation, chaque cible visée devient un pas sur la corde raide de l’escalade.






























