Affaire Bétharram : retour sur une audition sous haute tension à l’Assemblée nationale
- Ambra Crescenzo🔸 Rédactrice 🔸
- il y a 14 heures
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Conflit ouvert entre François Bayrou et les parlementaires, tensions autour du rôle de sa fille Hélène Perlant : l’audition du Premier ministre dans le cadre de l’affaire Bétharram a donné lieu à un échange particulièrement vif, révélateur des lignes de fracture politique.
Mercredi, dans une atmosphère électrique, François Bayrou a été auditionné pendant plus de cinq heures devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences présumées survenues à l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le ton a été donné dès l’ouverture de la séance : en posant sur la table le livre La meute, critique virulente des méthodes de La France insoumise, le Premier ministre a immédiatement ciblé le corapporteur LFI, Paul Vannier.
Une audition tendue, marquée par les accusations
Résolument combatif, François Bayrou s’est appuyé tout au long de l’audition sur ses collaborateurs pour préciser des éléments de calendrier ou identifier des interlocuteurs. Son ton, d’abord mesuré, s’est durci au fil des heures, notamment à l’égard du député Vannier, qu’il a accusé de « manipulation » et de « malhonnêteté ». De son côté, le parlementaire insoumis, bien que tentant de conserver un ton neutre, a multiplié les piques sur les « incohérences » du discours du Premier ministre, l'accusant d’éluder les questions et de changer de version.
Les tensions ont culminé lorsqu’un témoignage-clé – celui de Françoise Gullung, ancienne enseignante à Bétharram – a été remis en question par le chef du gouvernement, qui a parlé d’« affabulation ». Ce propos a suscité l’indignation d’une partie des parlementaires, principalement à gauche, certains pointant un manque de respect envers la commission.
Le comportement de Bayrou mis en cause
Au-delà du fond, c’est aussi l’attitude de François Bayrou qui a été critiquée. Sarah Legrain (LFI) l’a sommé d’utiliser la formule protocolaire « Madame la présidente » pour s’adresser à Fatiha Keloua-Hachi, présidente socialiste de la commission. Celle-ci, plus tard, qualifiera Bayrou de « confus, imprécis, parfois grossier et un peu agressif ».
Alors que la soirée avançait, les bancs se vidaient, mais les passes d’armes, elles, ne faiblissaient pas. Paul Vannier a dénoncé une « stratégie de déresponsabilisation », tandis que Bayrou lui rétorquait que « toute sa construction argumentative s’était effondrée ». En quittant les lieux, le Premier ministre affirmait avoir vécu un « moment libérateur ».
L’ombre d’Hélène Perlant

En toile de fond de cette audition, la parole publique d’Hélène Perlant, fille du Premier ministre, continue de résonner. Le 22 avril, elle est sortie du silence en se présentant comme victime des violences au sein de l’établissement Bétharram. Longtemps restée en retrait, elle avait jusqu’alors refusé toute mise en lumière. Son témoignage, livré sous une forte tension émotionnelle, a été un tournant dans l’affaire, mais a aussi ouvert la porte à des critiques politiques, certains y voyant une mise en difficulté indirecte de son père.
Dans un entretien, elle confie avoir été profondément affectée par l’exposition médiatique. « Je ne suis là ni pour le couvrir ni pour le soutenir », affirme-t-elle avec détermination. Une déclaration qui renforce le caractère délicat de l’affaire pour le chef du gouvernement, pris dans une affaire où l’intime et le politique s’entrechoquent violemment.