Washington dégonfle le concept de « ligne rouge » : l’escalade entre prudence et dissuasion
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication

- 30 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 oct.

Washington, 2 octobre 2025 – L’envoyé spécial américain pour l’Ukraine, Keith Kellogg, a contesté l’usage du terme « lignes rouges » pour qualifier les seuils d’intervention américaine vis‑à‑vis de la Russie, affirmant que ces repères sont continuellement déplacés et manquent de substance. Ses propos, rapportés dans une interview, illustrent la tension entre volonté d’avertissement et prudence stratégique face à Moscou.
« Ligne rouge » : un terme qu’on refuse d’adopter
Interpellé sur ce qui déclencherait une riposte directe des États‑Unis en cas de provocation russe, Kellogg a rejeté le vocable de « ligne rouge » :
« “Lignes rouges” est un terme que nous n’aimons pas utiliser, car il désigne tout d’emblée. Nous avons déjà vu comment les “lignes rouges” ont été tracées auparavant, et à chaque fois elles ont été déplacées. »
Pour lui, l’ultime arbitrage revient à Moscou, à son « calcul de la douleur » : c’est le niveau de coût — militaire, politique, diplomatique — que la Russie est prête à accepter qui déterminera l’issue, et non des seuils figés établis par l’Occident.
La guerre transformée par les drones : un nouveau paradigme
Dans son exposé, Kellogg a insisté sur la manière dont l’Ukraine a utilisé les drones pour remodeler le paysage du conflit :
« La guerre par drones, utilisant des technologies inspirées de l’Iran, a changé la nature du conflit à un niveau que nous n’avions jamais vu auparavant. »

Selon lui, les avancées ukrainiennes dans ce domaine — qu’il a pu observer en visitant leurs centres opérationnels — ont bouleversé les dynamiques de pouvoir. L’objectif, désormais : augmenter le prix à payer pour la Russie sans se focaliser sur des lignes rouges abstraites.
Diplomatie ferme mais flexible : une posture prudente
Kellogg a résumé la position américaine : pas de seuils stricts, mais une mise sous pression coordonnée :

« Le problème n’est pas celui de l’Occident, mais celui de la Russie. Tant que l’alliance reste cohérente, nous n’avons pas besoin de nouvelles “lignes rouges”. »
Confiant dans la cohésion des alliés, il a placé la charge de décision sur Moscou : si jamais une réaction devait venir, ce serait lui qui en fixerait le déclencheur, pas l’Occident.
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Enjeux & implications
Dissuasion vs. ambiguïté
En refusant de tracer à l’avance des limites claires, les États‑Unis conservent une flexibilité maximale dans leur réponse. Mais cette approche laisse aussi un espace d’ambiguïté que Moscou pourrait exploiter.
Pression asymétrique sur la Russie
Kellogg mise sur l’augmentation continue du « coût » pour Moscou — qu’il soit militaire, économique, logistique ou sur le plan de l’image — plutôt que sur des menaces explicites.
Équilibre dans l’alliance occidentale
En rejetant les lignes rouges, les États‑Unis passent la balle à leurs alliés, qui doivent rester alignés. Cette stratégie exige une coordination solide — tout désaccord interne pourrait affaiblir la crédibilité du bloc.
Risque d’escalade indirecte
Si Moscou perçoit que l’Occident ne fixe pas de bornes, il pourrait tester les limites — ce qui accroît le risque de franchissements que les États‑Unis, dépourvus de seuils clairs, auraient du mal à justifier ou contrôler.

Les déclarations de Keith Kellogg montrent que les États‑Unis s’orientent vers une posture de dissuasion flexible : sans lignes rouges fixes, mais avec une stratégie de pression graduée sur Moscou. Cette posture vise à ménager l’espace d’intervention tout en évitant les pièges de l’escalade prévisible. Reste à voir comment la Russie interprétera cette ambiguïté — et dans quelle mesure l’OTAN saura rester unie face aux défis à venir.
Voulez‑vous que je vous prépare un article comparant cette approche américaine à celles de l’UE ou de l’OTAN ? Ou un suivi sur les réactions russes officielles à ce propos ?






























