Trump blanchi MBS dans l'affaire Khashoggi.
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 3 jours
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Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Donald Trump a qualifié le journaliste Jamal Khashoggi d’« extrêmement controversé » tout en prenant la défense du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman (MBS), en visite à Washington pour la première fois depuis l’assassinat du reporter en 2018. Interrogé mardi sur cette affaire qui avait fortement tendu les relations entre Washington et Riyad, l’ancien président américain a affirmé que MBS « n’était au courant de rien ».
« Vous faites référence à une personne extrêmement controversée. Beaucoup de gens n’appréciaient pas cet homme dont vous parlez. Que vous l’aimiez ou non, des choses se sont passées, mais lui (MBS) n’était au courant de rien », a déclaré Donald Trump dans le Bureau ovale, agacé par la question posée par une journaliste d’ABC. « Et nous pouvons en rester là. Vous n’avez pas besoin de mettre notre invité dans l’embarras », a-t-il ajouté.
Mohammed ben Salmane, de son côté, a évoqué un épisode « douloureux » pour l’Arabie saoudite. « Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour mener l’enquête. C’est douloureux et c’est une énorme erreur. Nous faisons tout notre possible pour que cela ne se reproduise plus », a-t-il assuré.
Jamal Khashoggi, journaliste saoudien installé aux États-Unis, ancien conseiller du pouvoir devenu l’une de ses voix critiques les plus écoutées, s’était progressivement imposé comme un analyste incisif des transformations politiques du royaume. Dans ses chroniques et interventions publiques, il dénonçait notamment le durcissement sécuritaire opéré par Riyad, la concentration des pouvoirs entre les mains du prince héritier, ainsi que les mécanismes opaques entourant la gestion des richesses nationales. Il évoquait aussi, selon plusieurs sources et analyses publiées à l’époque, l’existence de rapprochements discrets entre l’Arabie saoudite et Israël un sujet particulièrement sensible dans la région tout en pointant les risques politiques qui en découlaient.
Le 2 octobre 2018, Khashoggi a été assassiné à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul par un commando dépêché depuis Riyad. Les enquêteurs turcs comme les services de renseignement occidentaux ont conclu qu’il s’agissait d’une opération planifiée. Si certains milieux considéraient le journaliste comme une figure controversée en raison de son passé au sein de l’appareil saoudien ou de ses prises de position fluctuantes rien, absolument rien, ne saurait justifier une mise à mort aussi brutale. Son corps, méthodiquement démembré, n’a jamais été retrouvé, ce qui constitue jusqu’à aujourd’hui l’un des volets les plus glaçants de cette affaire.
Bien que le renseignement américain ait publiquement estimé que le prince héritier Mohammed ben Salmane avait « validé » l’opération ou en avait été informé, aucun responsable politique saoudien de premier plan n’a fait l’objet de sanctions directes de la part de Washington. Une absence de mesures ciblées qui continue d’alimenter interrogations et spéculations sur les considérations stratégiques, économiques et géopolitiques ayant pesé sur la réponse américaine.
Cette visite intervient alors que Washington et Riyad restent liés par des intérêts économiques majeurs. L’Arabie saoudite est un acteur central du marché mondial du pétrole, influençant directement la stabilité énergétique des États-Unis. À cela s’ajoutent des rumeurs persistantes, circulant dans certaines sphères médiatiques et sur les réseaux sociaux, selon lesquelles le nom de MBS figurerait dans des documents liés à l’affaire Epstein. À ce jour, aucune preuve publique ni liste officielle ne vient étayer ces allégations, mais leur simple existence contribue à renforcer le climat de suspicion entourant les relations entre Riyad, Washington et plusieurs personnalités influentes.
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En parallèle, les États-Unis demeurent l’un des principaux fournisseurs d’armes du royaume, et les échanges d’investissements américains dans la diversification économique saoudienne, dans la finance et la technologie américaine renforcent une relation stratégique où l’économie pèse lourd, y compris dans la gestion de dossiers sensibles comme l’affaire Khashoggi.






























