OnlyFans : le proxénète 2.0
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste

- il y a 7 jours
- 2 min de lecture

OnlyFans : la sexualité à vendre et la normalisation d’un modèle controversé
La croissance fulgurante d’OnlyFans illustre une transformation profonde de notre rapport au sexe et à l’intimité. Si la plateforme promet la liberté et l’autonomie pour les créateurs, elle participe aussi à la marchandisation de la sexualité, brouillant les frontières entre émancipation, consommation et exploitation.
La sexualité comme produit
OnlyFans a démocratisé un modèle économique inédit : la sexualité devient un produit monétisable, où l’intimité se vend directement aux abonnés. Ce mécanisme, accessible à tous ceux qui disposent d’un smartphone et d’une caméra, transforme un acte traditionnellement privé en une transaction économique permanente.
Dans ce cadre, les créateurs souvent jeunes et peu expérimentés se retrouvent face à un dilemme : exercer un choix libre et rentable, ou subir la pression d’un marché qui valorise l’extrême, le spectaculaire et le toujours plus intime. La plateforme devient alors un lieu de prostitution moderne, où le corps et la sexualité sont systématiquement marchandisés, même sous couvert d’autonomie et de liberté.
OnlyFans, entre émancipation et dérives
Le succès de la plateforme est double : il donne de la visibilité et du pouvoir économique à ses utilisateurs, mais il normalise la monétisation du sexe, contribuant à banaliser ce qui, historiquement, relevait de la sphère privée ou de la prostitution clandestine. Le modèle fait débat : certains le voient comme un outil d’émancipation, d’autres comme un proxénétisme moderne légalisé, dans lequel la plateforme tire profit de l’intimité vendue par ses créateurs.
Flirt discret avec le pouvoir et influence internationale
Le propriétaire majoritaire d’OnlyFans, Leonid Radvinsky, a été associé à des initiatives controversées, notamment un don annoncé au lobbying pro‑Israël AIPAC, et la plateforme compte des utilisateurs et créateurs actifs en Israël et à Tel Aviv. Si ces liens ne constituent pas un contrôle politique direct, ils montrent que les réseaux économiques et d’influence internationale gravitent autour d’un produit sexuel globalisé, reliant intimité, argent et diplomatie douce.
Un miroir de la société contemporaine
Le succès d’OnlyFans révèle une société à la fois fascinée par la sexualité et obsédée par la monétisation. La plateforme illustre le paradoxe de notre époque : elle promeut l’autonomie individuelle tout en exploitant le corps comme une marchandise. Elle normalise une forme de prostitution à distance, légalement encadrée, mais socialement ambiguë.
En ce sens, OnlyFans n’est pas qu’une innovation technologique : c’est un révélateur des tensions entre liberté, morale, pouvoir économique et marchandisation du corps humain. La plateforme interroge notre rapport à l’intimité, à l’argent et au consentement dans un monde où la sexualité devient un produit de consommation, accessible en quelques clics.
Vers une régulation inévitable
Face à ces dérives potentielles, les pouvoirs publics sont confrontés à un dilemme : comment protéger les mineurs et encadrer l’exploitation sexuelle tout en respectant les libertés individuelles et le droit des créateurs de gagner leur vie ? La question dépasse la seule sphère juridique : elle touche aux normes sociales, à l’éthique et aux valeurs collectives sur la sexualité et l’intimité dans une société numérique.






























