Nicolas Sarkozy incarcéré : une onde de choc politique et judiciaire
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- il y a 1 jour
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L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été incarcéré ce matin à la prison de la Santé, à Paris, pour purger une peine de cinq ans de prison dont deux fermes, dans le cadre de sa condamnation dans l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Cette incarcération, inédite pour un ancien chef d'État sous la Ve République, suscite une onde de choc au sein de la classe politique et dans l’opinion publique.
Une exécution provisoire malgré les recours
Condamné avec mandat de dépôt à effet différé, Nicolas Sarkozy a vu la justice ordonner l’exécution provisoire de sa peine, en dépit de l’appel qu’il a formé. Son avocat, Me Christophe Ingrain, a annoncé ce matin sur BFMTV-RMC qu'une demande de remise en liberté sera déposée "très rapidement". Selon lui, "objectivement, il n’y a aucune raison pour que la cour d’appel la refuse", tout en reconnaissant "l’aléa judiciaire". En toute hypothèse, l’ancien président pourrait passer jusqu’à un mois en détention avant que la juridiction ne statue.
Une incarcération sous haute sécurité
Placée à l’isolement, la détention de Nicolas Sarkozy ne constitue pas un traitement de faveur, selon son avocat, mais une mesure de sécurité liée à des risques de violences physiques. "On l’enferme seul pour éviter qu’un autre ne le frappe", a-t-il précisé. L’arrivée à la maison d’arrêt s’est faite dans un cadre strictement formel, comme pour tout détenu.
Une mobilisation importante de ses proches
Avant son départ pour la prison, un rassemblement s’est tenu devant le domicile parisien de l’ancien président. Plus d’une centaine de soutiens, dont ses enfants, son frère Guillaume Sarkozy, et des figures politiques comme Henri Guaino, étaient présents. Des Marseillaises ont été chantées et des slogans de soutien lancés. Guillaume Sarkozy a déclaré être "fier" de son frère, saluant sa "résistance" et réaffirmant sa conviction dans son innocence.
Henri Guaino, ancien conseiller à l'Élysée, s’est dit "ému et révolté", évoquant une "honte pour la France" et une "justice éloignée de l’idéal".

Le soutien controversé de l'exécutif
La visite d’Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy à l’Élysée, la veille de son incarcération, suscite de vives critiques. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, dénonce une "pression sur la justice". La future visite annoncée du ministre de la Justice Gérald Darmanin a également été pointée du doigt. Le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, a mis en garde contre un risque d’atteinte à l’indépendance des magistrats.
Une volonté d'écrire et de témoigner
Selon son avocat, Nicolas Sarkozy souhaite profiter de son incarcération pour écrire sur son expérience et l’injustice dont il se dit victime. "Il a la rage de montrer qu’il est innocent", a déclaré Me Ingrain. Il ne reconnaît toujours aucun des faits qui lui sont reprochés dans cette affaire sensible.

Réactions politiques et publiques divisées
Cécilia Attias, ex-épouse de Nicolas Sarkozy, s’est dite "bouleversée" et "révoltée", dénonçant un traitement injuste d’un homme "qui a tant donné à la France". Pour sa part, Renaud Muselier, président de la région Sud, estime que l’incarcération "n’est pas légitime" et qu’elle vise surtout à obtenir des images spectaculaires d’un ancien président en prison.
La sénatrice LR Muriel Jourda s’inquiète des conséquences de cette incarcération sur l’image de la France, qu’elle juge "déjà fragilisée", mais considère légitime la visite du ministre de la Justice pour des raisons de sécurité.
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Une page sombre de la République
Avec cette incarcération, la République vit un moment historique et controversé. Pour certains, il s'agit d'une démonstration de l’indépendance de la justice. Pour d’autres, c’est une dérive, une instrumentalisation ou une erreur judiciaire. Quoi qu’il en soit, la procédure suit son cours, et la demande de remise en liberté de Nicolas Sarkozy pourrait ouvrir une nouvelle phase judiciaire dans les jours à venir.