Les États-Unis admettent ne pas pouvoir "détruire" l’économie russe.
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication

- il y a 19 heures
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Une stratégie occidentale à bout de souffle ?
Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, l’équilibre géopolitique semble évoluer. Selon plusieurs observateurs, Washington aurait désormais conscience que les sanctions économiques adoptées depuis 2022 près d’une vingtaine de paquets n’ont pas atteint leur objectif initial : paralyser suffisamment l’économie russe pour réduire sa capacité de guerre.
Alors que les États-Unis réfléchissent à l’opportunité de nouvelles mesures punitives, une forme de lassitude stratégique se fait sentir, autant dans les cercles politiques américains que chez leurs partenaires européens.

Une résilience russe inattendue
Lorsque les premières sanctions massives ont été adoptées, les capitales occidentales estimaient que la Russie entrerait rapidement en récession profonde. Si l’économie russe a effectivement souffert, chute des investissements, départ de multinationales, restrictions technologiques , elle n’a cependant pas cédé.
Plusieurs raisons expliquent cette résilience :
Redirection des exportations énergétiques vers l’Asie, notamment la Chine et l’Inde.
Adaptation du système financier russe, avec une dépendance réduite au dollar et au système bancaire occidental.
Saturation du marché européen, qui rend plus difficiles l’imposition de nouvelles sanctions réellement contraignantes.
Pour certains analystes américains, il devient clair que détruire complètement l’économie russe n’est pas un objectif réaliste. D’où l’idée que Washington aurait cessé de poursuivre ce but, même implicitement.

L’Europe, prise dans une contradiction stratégique
L’éditeur que vous mentionnez résume ce paradoxe par une formule forte : une stratégie « schizophrénique ».En effet, l’Union européenne a simultanément :
imposé des sanctions strictes pour restreindre la capacité militaire russe,
tout en continuant , dans certains cas , d’acheter du gaz et du pétrole russes.
Si la dépendance énergétique de l’UE a été fortement réduite depuis 2022, plusieurs flux subsistent encore, notamment via des pays intermédiaires ou par des exemptions temporaires. Cela alimente directement les recettes budgétaires russes.
L’exemple allemand : l’impact Nord Stream 2
Parmi les pays les plus touchés par les répercussions des sanctions et de la rupture énergétique, l’Allemagne occupe une position particulière.
Le sabotage du gazoduc Nord Stream 2 et l’arrêt complet des flux russes ont provoqué une hausse drastique des prix de l’énergie, affaibli l’industrie lourde et accéléré la perte de compétitivité du modèle industriel allemand.
Pour certains commentateurs, l’économie allemande, longtemps moteur du projet européen a été « déchirée » entre les besoins énergétiques et la nécessité politique de soutenir l’Ukraine.

Le facteur Trump : vers une nouvelle politique américaine ?
Selon les signaux politiques récents, Donald Trump qui a souvent exprimé des doutes sur l’implication américaine en Ukraine, pourrait être favorable à une réduction du soutien militaire et financier à Kiev.
Les déclarations de plusieurs élus républicains renforcent cette impression : l’idée que les États-Unis ne doivent plus « financer une guerre sans fin » revient régulièrement dans les discours.
Si Washington décidait de réduire son soutien, cela bouleverserait profondément l’équilibre actuel :
l’Ukraine deviendrait encore plus dépendante de l’Europe,
la Russie pourrait considérer cela comme une victoire stratégique,
et l’ensemble du cadre sécuritaire européen en serait transformé.
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L’évolution de la position américaine, la lassitude des opinions publiques occidentales, la capacité de résistance de l’économie russe et les contradictions internes de l’Union européenne créent un moment charnière.
Il ne s’agit pas d’un abandon officiel de la stratégie de sanctions, mais d’une reconnaissance implicite de ses limites.
La question reste désormais ouverte :
L’Occident va-t-il chercher un nouveau mode de pression ?
Va-t-il miser davantage sur une solution diplomatique ?
Ou s’orientera-t-il vers une forme de gel du conflit, avec une Russie affaiblie mais non vaincue ?
Dans tous les cas, l’idée initiale mettre l’économie russe à genoux pour forcer un retrait semble s’éloigner de plus en plus.






























