Fraude présumée : la police belge perquisitionne le siège de la diplomatie de l’Union européenne
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- il y a 18 heures
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Dernière mise à jour : il y a 3 minutes

La police belge a mené mardi matin une série de perquisitions visant plusieurs institutions européennes, dont le siège du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) à Bruxelles et le Collège d’Europe à Bruges. Ces opérations s’inscrivent dans une enquête sur un possible détournement de fonds européens, selon des sources proches du dossier.
Des perquisitions à Bruxelles, Bruges et dans des domiciles privés
D’après des témoins, une dizaine d’agents en civil ont pénétré dans les locaux du SEAE vers 7 h 30. D’autres interventions ont eu lieu simultanément dans les bâtiments du Collège d’Europe ainsi que dans des habitations privées.À l’issue de ces opérations, trois personnes ont été interpellées pour être interrogées dans le cadre de soupçons de fraude dans les achats publics, corruption et conflit d’intérêts criminel.

La police fédérale belge, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et le parquet européen (EPOC), chargé de l’enquête, ont participé à l’opération. Aucune de ces institutions n’a souhaité commenter publiquement l’affaire pour le moment.

Des soupçons liés à des fonds européens attribués en 2021-2022
Selon plusieurs sources, l’enquête porte sur des accusations d’usage abusif de fonds européens entre 2021 et 2022 par le SEAE et le Collège d’Europe, une prestigieuse école de formation des futurs fonctionnaires et diplomates de l’Union.
Les enquêteurs cherchent à déterminer si le Collège d’Europe, ou certains de ses représentants, ont pu avoir accès à des informations confidentielles concernant un appel d’offres lancé pour financer la nouvelle Académie diplomatique de l’UE, un programme annuel de formation.L’appel d’offres exigeait notamment que les candidats disposent d’un bâtiment pour héberger les diplomates en formation.
L’achat d’un bâtiment à Bruges au cœur de l’affaire
Un élément attire particulièrement l’attention des enquêteurs : l’acquisition par le Collège d’Europe, en 2022, d’un immeuble situé Spanierstraat à Bruges, acheté 3,2 millions d’euros en pleine période de difficultés financières pour l’institution.
Peu de temps après cet achat, le SEAE a attribué au Collège le contrat relatif à l’Académie diplomatique, doté d’un financement européen de 654 000 euros.Les enquêteurs cherchent à établir si le Collège connaissait déjà les modalités de l’appel d’offres avant sa publication, ce qui aurait constitué un avantage indu et une violation des règles de concurrence.

Pression croissante sur la direction du Collège
Ce scandale met sous pression la direction du Collège d’Europe, notamment sa rectrice Federica Mogherini, ancienne Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L’ancienne cheffe de la diplomatie européenne, aujourd’hui responsable de l’institution pour un second mandat, n’a pas répondu aux questions d’Euractiv.
Un nouveau séisme pour les institutions européennes
Ces perquisitions représentent le dernier épisode d’une série de scandales qui secouent régulièrement les institutions de l’Union européenne.Elles soulèvent de nouvelles questions sur la transparence, la gouvernance et les mécanismes de contrôle interne, alors que l’UE continue de gérer d’importants budgets liés à des programmes de formation, d’aide extérieure ou de coopération diplomatique.
L’enquête se poursuit, et aucune conclusion n’a pour l’instant été rendue publique. Toutes les personnes impliquées restent présumées innocentes tant qu’un jugement n’a pas été prononcé.



















