Eurovision 2026 : Retrait de 4 pays, Israël au cœur du séisme
- MANAA Norredine 🔶 Journaliste
- il y a 12 heures
- 3 min de lecture

Un vent de fronde souffle sur l’Eurovision. Pour la première fois dans l’histoire du concours, quatre télévisions publiques : l’Espagne, l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie annoncent qu’elles boycotteront l’édition 2026. Motif : la décision de l’Union européenne de radiodiffusion (UER) de maintenir Israël dans la compétition malgré les demandes d’exclusion formulées par plusieurs membres. Cette rupture à grande échelle marque un basculement dans la relation entre l’UER et certains de ses diffuseurs historiques. Elle révèle aussi combien le concours, présenté depuis sa création comme une célébration apolitique de la musique, est désormais au cœur des tensions géopolitiques européennes.
La situation à Gaza, au cœur des critiques
La télévision irlandaise a été l’une des premières à annoncer qu’elle refuserait de participer à un événement accueillant Israël tant que les opérations militaires et le nombre de victimes civiles à Gaza resteraient jugés « incompatibles avec les valeurs du service public ». Pour les Pays-Bas, les lignes rouges ont également été franchies. Leur diffuseur pointe une « érosion grave de la liberté de la presse » dans les territoires contrôlés par Israël, jugeant impossible de concilier cette situation avec l’esprit du concours.
Le rejet d’un concours jugé trop politisé
Plusieurs diffuseurs reprochent à l’UER sa gestion des trois dernières éditions. Au centre des critiques :
l’influence jugée excessive des mobilisations politiques dans le vote du public ;
des cas d’ingérence de gouvernements, directement ou via des groupes de pression ;
une perte de confiance généralisée dans la neutralité du concours.
L’Espagne, membre du « Big Five », franchit ainsi un seuil historique en se retirant : jamais un pays à contribution financière majeure n’avait boycotté l’événement.
L’UER contre-attaque, mais ne cède pas sur Israël
Réunis à Genève fin 2025, les membres de l’UER ont été appelés à se prononcer sur une éventuelle exclusion d’Israël. La direction de l’organisation a refusé de soumettre cette demande à un vote formel, arguant du respect de la charte interne et de la nécessité de préserver l’universalité du concours.
Pour tenter d’apaiser ses membres, l’UER annonce une série de réformes :
retour d’un jury professionnel élargi en demi-finales ;
limitation du poids du vote du public ;
garde-fous contre toute ingérence politique ou étatique ;
renforcement de la surveillance des procédures de vote.
Un boycott aux conséquences potentiellement explosives
Mais ces annonces, perçues comme tardives, ne suffisent pas. Les quatre diffuseurs confirment leur retrait quelques heures après la publication des décisions. Des télévisions publiques d’Europe du Nord, d’Islande ou de Belgique avaient déjà laissé entendre qu’un maintien d’Israël pourrait les conduire à se retirer. Si d’autres pays devaient franchir le pas, l’édition 2026 pourrait devenir l’une des plus fragilisées depuis la création du concours en 1956.
Un uppercut financier et symbolique
Le retrait de plusieurs diffuseurs majeurs risque de faire chuter l’audience globale et de fragiliser les revenus commerciaux du concours. Il nuit également à l’image d’un événement présenté depuis des décennies comme un espace de rassemblement culturel européen.
Ce boycott ouvre une brèche profonde : l’Eurovision peut-il encore se prétendre apolitique alors que ses choix ou ses non-choix ont désormais des conséquences géopolitiques directes ? Ou bien doit-il assumer devenir un espace où les valeurs humanistes et démocratiques priment sur la neutralité traditionnelle ?
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Au-delà du débat strictement musical, la participation d’Israël à l’Eurovision intervient dans un climat où son image internationale s’est profondément détériorée. Depuis les offensives à Gaza, plusieurs ONG de défense des droits humains, ainsi que des experts mandatés par l’ONU, accusent Israël de violations graves du droit international humanitaire. Si les autorités israéliennes rejettent catégoriquement les termes de « crimes de guerre » ou de « génocide » employés par certains acteurs, ces accusations occupent désormais une place centrale dans le débat public mondial. Et la politique actuelle du gouvernement israélien a durablement et profondément impacté la bonne image qu’Israël avait construite



















