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Ukraine : Comment la Russie Cherche à Effacer ses Crimes de guerre pour échapper à la justice



Le Théâtre de la Cyber-Guerre

Alors que les combats en Ukraine persistent dans leur brutalité, une autre bataille, plus silencieuse mais tout aussi destructrice, se déroule en parallèle : la cyber-guerre. Depuis le début du conflit, le Kremlin ne se contente pas de manœuvres militaires traditionnelles ; il s’attaque aussi au cyberespace, cherchant à altérer ou effacer les preuves de ses crimes de guerre stockées dans les systèmes numériques de ses adversaires. Selon une experte en cybersécurité, cette guerre numérique pourrait bien redéfinir les notions de justice post-conflit.


Les Cyberattaques : Une Nouvelle Arme de Guerre

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, la documentation des atrocités commises est omniprésente sur les réseaux sociaux et les médias internationaux. Cependant, derrière cette façade visible, une cyber-guerre acharnée fait rage, opérant dans l’ombre. En 2023, le Parlement européen a relevé une escalade des cyberattaques avec près de 2 776 incidents recensés en septembre, orchestrés par 106 acteurs différents. Des groupes affiliés à l'État russe comme People's CyberArmy, Sandworm, et Fancy Bear, se distinguent particulièrement.




Les Cibles Stratégiques de la Russie

Les secteurs les plus ciblés en Ukraine incluent l’administration publique, les finances, les médias, la technologie de l'information et, sans surprise, l’énergie. Ces attaques ne visent pas seulement à déstabiliser les opérations militaires ukrainiennes mais aussi à perturber la gouvernance de Kiev et ses infrastructures critiques. Le rapport de l’Agence américaine de cyberdéfense souligne que la Russie affine constamment ses capacités d’espionnage et d’attaque pour cibler ces infrastructures vitales non seulement en Ukraine mais aussi dans ses pays alliés.


Les Alliés de l'Ukraine sous Attaque

Entre le début du conflit et septembre 2023, 1 896 cyberincidents ont été enregistrés dans les pays alliés de l’Ukraine. Des cibles privilégiées comme la Pologne, la Lituanie, l’Allemagne, les États-Unis et l’Estonie témoignent de la portée de ces attaques. Même des incidents plus anecdotiques comme la cyberattaque qui a laissé les lampadaires de Leicester allumés en permanence montrent la capacité de nuisance des hackers russes.


Sabotage et Déstabilisation

Les actions de sabotage menées par des groupes comme Sandworm ne se limitent pas à l’Ukraine. En France, une attaque revendiquée sur la chaîne Telegram CyberArmyofRussia_Reborn visait prétendument une centrale hydroélectrique, mais a finalement été redirigée contre un moulin dans un petit village. Ces incidents, aussi discrets soient-ils, démontrent l'étendue des ambitions russes de semer le chaos.




La Menace Persistante de Sandworm

Mandiant, une entreprise de cybersécurité appartenant à Google, affirme que Sandworm est considéré par le Kremlin comme un instrument de pouvoir agile, capable de servir les intérêts nationaux de la Russie et de saper les processus démocratiques mondiaux. Cette cybermenace reste une préoccupation majeure pour les gouvernements et les institutions à travers le monde.


Brouillage des Preuves : Une Stratégie Cynique

La Russie ne se contente pas de semer le chaos pendant la guerre. Elle anticipe déjà la bataille juridique de l’après-guerre. Selon Rhiannon Neilsen, chercheuse en cybersécurité à Stanford, des hackers russes ciblent activement le bureau du procureur général de l'Ukraine, responsable de documenter les crimes de guerre, ainsi que la Cour pénale internationale. Leur objectif : accéder, détruire ou falsifier les preuves pour éviter les poursuites.




La Manipulation des Preuves

L’utilisation du cyberespace pour se débarrasser des preuves des crimes de guerre introduit une nouvelle dimension inquiétante. Si les hackers russes parviennent à récupérer des informations, ils pourraient manipuler ces preuves ou les remplacer par des faux générés par l'IA, visant à exonérer les criminels ou à incriminer les forces ukrainiennes.


Les Coffres-Forts de Preuves : Une Solution Innovante

Pour contrer cette menace, Rhiannon Neilsen propose des mesures de cybersécurité renforcées pour protéger les dépôts numériques des institutions judiciaires. Elle suggère également que les entreprises de médias sociaux créent des "coffres-forts de preuves" pour archiver les contenus sensibles supprimés par les modérateurs. Ces archives pourraient jouer un rôle crucial dans les futures enquêtes criminelles.


Une Course Contre la Désinformation

Au-delà de la protection des preuves, il est essentiel de lutter contre la désinformation. Neilsen préconise l’utilisation du "prebunking" pour vacciner les esprits contre les fausses informations. Les messages publics ukrainiens doivent préparer le terrain pour contrecarrer la propagande russe et garantir que la vérité triomphe, même après la fin des hostilités.


La Guerre de la Vérité

La fin des combats en Ukraine ne marquera pas la fin de la guerre. Une nouvelle bataille s’ouvrira, celle de la vérité et de la justice. Les hackers russes continueront de représenter une menace, cherchant à réécrire l’histoire à leur avantage. La communauté internationale doit rester vigilante et proactive pour protéger les preuves et assurer que les coupables soient tenus responsables de leurs crimes.


La Veille Numérique

Dans ce contexte complexe, la sécurité numérique devient un pilier essentiel de la justice internationale. La guerre en Ukraine a démontré que les champs de bataille modernes ne se limitent plus aux terrains physiques. Le cyberespace est devenu un front crucial où la manipulation des informations peut changer le cours de l’histoire. Protéger ces nouvelles frontières est vital pour la vérité et la justice. La vigilance et l'innovation en cybersécurité seront les clés pour préserver l’intégrité des preuves et garantir que les crimes de guerre ne restent pas impunis.

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