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Turquie : le PKK met fin à quatre décennies de lutte armée


Drapeau d’Öcalan brandi lors d’un appel à déposer les armes
Drapeau d’Öcalan brandi lors d’un appel à déposer les armes
Drapeau d’Öcalan
Drapeau d’Öcalan


Dans un tournant historique, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a proclamé sa dissolution et la fin de la lutte armée contre l’État turc. L’annonce a été faite lundi 12 mai via l’agence ANF, proche de la mouvance pro-kurde, à l’issue d’un congrès tenu du 5 au 7 mai dans les montagnes de Qandil, bastion du mouvement dans le nord de l’Irak.






Ce retrait marque la fin de près de quarante années de conflit ayant causé, selon Ankara, quelque 40 000 morts. À l’origine de cette décision, un appel lancé par le leader historique du PKK, Abdullah Öcalan, détenu depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul. Dans une déclaration publiée par ANF, le mouvement affirme avoir atteint un point où « la question kurde peut désormais être résolue par des voies démocratiques », signant ainsi la fin de sa « mission historique ».


Recep Tayyip Erdogan, pour l’AKP
Recep Tayyip Erdogan, pour l’AKP


Le parti au pouvoir, l’AKP, a salué une « étape décisive vers une Turquie sans terrorisme ». Ömer Çelik, son porte-parole, a toutefois insisté sur la nécessité de traduire cette décision en actes, en évoquant la « fermeture de toutes les branches et structures illégales du PKK » comme condition sine qua non d’un tournant réel.





Öcalan, figure toujours centrale

Abdullah Öcalan
Abdullah Öcalan


Âgé de 76 ans, Abdullah Öcalan reste incarcéré en isolement strict. Toutefois, selon un responsable de l’AKP cité par le journal Türkiye, un assouplissement de ses conditions de détention serait envisagé. « Il devrait bénéficier de visites plus fréquentes de sa famille et du parti DEM », indique ce responsable, précisant qu’Öcalan ne souhaiterait pas quitter Imrali, en raison de possibles menaces à sa sécurité.




Un processus de paix encore incertain pour la Turquie


Le PKK appelle désormais le Parlement turc à « agir avec responsabilité face à l’histoire » afin de consolider cette ouverture vers une paix durable. Cette évolution résulte d’une médiation initiée à l’automne 2024 par Devlet Bahçeli, allié nationaliste du président Erdogan, avec l’appui du parti pro-kurde DEM. Dès le 1er mars, le PKK avait répondu favorablement à cet appel, annonçant un cessez-le-feu unilatéral.


Sur le plan régional, les réactions sont contrastées. Bagdad exige un retrait complet des forces turques et des combattants du PKK présents sur son sol, en cas d’accord définitif. En revanche, les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées en partie de combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie, ont fait savoir qu’elles ne se sentaient pas concernées par la décision du PKK.


Une manœuvre politique d’Erdogan ?


Le président Erdogan
Le président Erdogan


Pour certains observateurs, cette annonce pourrait aussi servir les intérêts politiques du président Erdogan. Gönül Tol, directrice du programme Turquie au Middle East Institute, estime que « l’objectif principal reste la consolidation du pouvoir présidentiel ». Selon elle, cette stratégie permettrait au chef de l’État de renforcer sa position en vue de l’élection présidentielle de 2028, notamment face à une opposition affaiblie et fragmentée.






Elle note par ailleurs que la population kurde ne s’est pas mobilisée lors des récentes manifestations organisées par l’opposition, y compris à Van, bastion kurde, ou pour protester contre l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, candidat du CHP pour 2028. « La faible participation kurde confirme l’efficacité de la stratégie de division d’Erdogan, qui vise à isoler le parti pro-kurde du reste de l’opposition », analyse-t-elle.


La communauté kurde représente environ 20 % de la population turque, estimée à 85 millions d’habitants.

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