Sommet sur l’Ukraine à Londres : un tournant stratégique face aux incertitudes américaines
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 2 mars
- 2 min de lecture

Ce dimanche, une quinzaine de dirigeants alliés de l’Ukraine se réunissent à Londres pour un sommet décisif. L’objectif : redéfinir les garanties de sécurité en Europe, alors que l’engagement de Washington vacille après un échange explosif entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
Un soutien réaffirmé malgré les turbulences diplomatiques
Accueilli en héros devant le 10 Downing Street, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu, samedi, un soutien ferme du Premier ministre britannique Keir Starmer. Londres et Kiev ont conclu un accord de prêt de 2,26 milliards de livres (près de 2,74 milliards d’euros), destiné à renforcer les capacités de défense ukrainiennes. Une annonce clé alors que les tensions géopolitiques s’intensifient.
« Cet argent servira à produire des armes en Ukraine », a précisé Zelensky sur Telegram, remerciant le peuple et le gouvernement britanniques. Dimanche, il doit également rencontrer le roi Charles III avant d’assister au sommet sur la sécurité.
Un front uni face à la Russie
Parmi les participants à ce sommet figurent le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, les Premiers ministres canadien Justin Trudeau et polonais Donald Tusk, ainsi que la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et les dirigeants européens Ursula von der Leyen et Antonio Costa seront également présents.
Les discussions porteront sur un soutien militaire renforcé à l’Ukraine et une pression économique accrue sur la Russie. Mais l’enjeu majeur reste la capacité de l’Europe à assurer sa propre sécurité, à l’heure où un éventuel désengagement américain devient une hypothèse préoccupante.

Un rapprochement Moscou-Washington qui inquiète
L’inquiétude grandit au sein des chancelleries européennes face aux signes de rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Washington et Moscou ont amorcé des discussions sur la fin de la guerre, excluant à la fois Kiev et les Européens.
Les tensions ont atteint un sommet vendredi, lorsqu’un échange virulent a opposé Trump à Zelensky dans le Bureau ovale. Le ton est monté lorsque Trump a sommé le dirigeant ukrainien de « conclure un accord ou [être] abandonné », avant de le chasser de la Maison Blanche. Une scène inédite qui a déclenché une vive réaction en Europe.
« Une nouvelle ère d’infamie a commencé, où nous devons plus que jamais défendre l’ordre international basé sur le droit », a déclaré Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, appelant à un renforcement budgétaire pour soutenir l’Ukraine.
Vers une dissuasion nucléaire européenne ?
Face à ces incertitudes, Emmanuel Macron a ouvert la porte à un débat sur une dissuasion nucléaire européenne. Une proposition motivée par l’éventualité d’un retrait américain de l’Otan, évoquée par le futur chancelier allemand Friedrich Merz.
Dans une interview, Macron a plaidé pour un financement massif et commun de la défense européenne, estimé à plusieurs centaines de milliards d’euros. « C’est le moment d’un réveil stratégique », a-t-il insisté, soulignant l’urgence d’une autonomie militaire européenne.
Alors que les regards sont tournés vers Bruxelles pour un sommet extraordinaire le 6 mars, le sommet de Londres marque un tournant. L’Europe, plus que jamais, est face à son destin : se réarmer ou subir les décisions d’un allié américain de plus en plus imprévisible.
Vidéo associée : Sommet sur l’Ukraine à Londres : quels sont les enjeux ?