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Rwanda : 30 ans après le génocide des Tutsi, Paul Kagame pointe du doigt la communauté internationale.



Au cœur de Kigali, la capitale rwandaise, une atmosphère pesante enveloppait les rues désertes ce dimanche 7 avril. Les boutiques gardaient leurs rideaux tirés, les moto-taxis rouges absents, et même le son des cloches des églises s'était tu. C'était le jour du "Kwibuka" - le jour pour se souvenir du début du génocide des Tutsi en 1994, une tragédie ayant coûté la vie à près de 800 000 personnes. Mais aujourd'hui, alors que Kigali se pare d'ordre et de modernité, c'est le président Paul Kagame qui incarne le renouveau de ce pays meurtri.


Un Leadership Contesté : Paul Kagame et la Renaissance Rwandaise

À 66 ans, Paul Kagame, dirigeant incontesté depuis trois décennies, est tant vénéré que critiqué. C'est lui qui, à la tête du Front patriotique rwandais, a mis fin au génocide en 1994, prenant le pouvoir et chassant les responsables des massacres. Aujourd'hui, alors que le Rwanda commémore ses morts, Kagame rallume la flamme du Mémorial de Gisozi, où reposent les restes de 250 000 victimes. Dans l'obscurité de la BK Arena, entouré de 5000 personnes, il s'adresse à la nation, dénonçant la communauté internationale. Accusé de soutenir un groupe rebelle déstabilisant l'est de la RDC, Kagame revendique le droit de défendre son pays, reprochant à la communauté internationale d'avoir abandonné le Rwanda en 1994.


La Confrontation : Kagame contre le Monde

Dans un discours cinglant, Kagame pointe du doigt les onze chefs d'État et de gouvernement présents, dont Bill Clinton et Nicolas Sarkozy. Il critique ouvertement la France, accusée de complicité dans le génocide. Un exemple flagrant est celui de Callixte Mbarushimana, accusé de meurtres pendant le génocide et réfugié en France. Kagame dénonce également la lenteur de la justice française envers les génocidaires présumés.


La France Épinglée : Entre Reconnaissance et Réticence

En 2021, Emmanuel Macron avait marqué un tournant en reconnaissant la responsabilité de la France dans le génocide. Mais cette année, la France ne va pas plus loin. Macron, dans une vidéo diffusée dimanche, réaffirme ses propos de l'année précédente, évitant toute mention de complicité. Une attitude perçue comme un recul face aux pressions de l'Elysée. Dimanche, Kagame ne mâche pas ses mots, signifiant son mécontentement envers Paris et proclamant que le peuple rwandais ne sera plus jamais abandonné.

Dans ce face-à-face entre Kagame et le monde, le Rwanda revendique son droit à se défendre, tandis que la communauté internationale fait face à ses propres responsabilités passées et présentes. Alors que le Rwanda se tourne vers l'avenir, son passé continue de hanter les relations internationales.

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