Vladimir Poutine, maître du Kremlin, défie ouvertement l'Occident en s'aventurant dans le Golfe Persique, marquant ainsi sa première sortie internationale depuis plus de vingt mois.
Dans une démarche audacieuse, le président russe a effectué une visite stratégique en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, deux puissances politiques majeures de la région et des acteurs clés dans le secteur des hydrocarbures. Poutine entend ainsi démontrer qu'il n'est pas aussi isolé diplomatiquement que le prétendent ses détracteurs occidentaux.
Récusant l'isolement occidental Malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, Poutine, visé pour la déportation d'enfants ukrainiens, a bravé les risques potentiels d'arrestation dans les 135 pays signataires de la charte de la CPI. La grande majorité des membres de l'ONU a condamné l'invasion de l'Ukraine, mais de nombreux pays non-occidentaux, tels que l'Inde et la Chine, ont évité d'imposer des sanctions économiques à Moscou. Les pays du Golfe, bien que liés aux Occidentaux, cherchent à maintenir des relations équilibrées avec la Russie, surtout dans le contexte géopolitique perturbé par le conflit entre Israël et le Hamas.
"Vladimir Poutine saisit cette opportunité pour démontrer qu'il n'est pas isolé sur le plan diplomatique et que la région du Golfe demeure une priorité pour lui, regorgeant de partenaires potentiels", explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega, expert en relations internationales à l'Institut français des relations internationales.
Nucléaire, pétrole et contournement de sanctions Les discussions entre Poutine et Mohammed ben Salmane, prince héritier de l'Arabie saoudite, se concentrent non seulement sur le pétrole, en tant que membres clés de l'alliance OPEP+, mais également sur la participation de la Russie au programme de construction de centrales nucléaires civiles dans le royaume. Cette alliance, composée des treize membres de l'OPEP et de dix autres exportateurs de pétrole, a récemment décidé d'une réduction supplémentaire d'un million de barils par jour, sans toutefois restaurer les prix du pétrole, actuellement à 76 dollars, vingt de moins qu'en septembre.
Poutine a également rencontré Mohammed ben Zayed, numéro un des Emirats Arabes Unis, saluant ce pays comme le "principal partenaire de Moscou au Moyen-Orient". Des projets conjoints dans le secteur des hydrocarbures ont été évoqués sans plus de détails, mais les Emirats Arabes Unis jouent déjà un rôle crucial en tant que plateforme permettant aux entreprises russes de contourner les sanctions occidentales.
Dans la continuité de cette dynamique, Ebrahim Raïssi, président d'un Iran aligné sur la Russie, entame des pourparlers avec son homologue russe à Moscou ce jeudi. Les deux nations cherchent à renforcer leurs liens économiques pour contourner plus efficacement les sanctions imposées par les Occidentaux.
Cette série de mouvements audacieux de la part de Vladimir Poutine redessine l'échiquier diplomatique au Moyen-Orient, défiant les prédictions occidentales d'isolement et soulignant la résilience du président russe dans un contexte géopolitique complexe. La région du Golfe, avec ses enjeux nucléaires, pétroliers et de contournement de sanctions, se trouve au cœur de cette nouvelle stratégie diplomatique russe, annonçant des alliances inattendues et des développements intrigants pour les observateurs internationaux.
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