OTAN : Les Alliés face au défi des dépenses militaires et des menaces hybrides
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 4 déc. 2024
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Dernière mise à jour : 4 déc. 2024

Mark Rutte, fraîchement nommé secrétaire général de l'OTAN, a surpris en revêtant un rôle très éloigné de celui qu'il incarnait en tant que Premier ministre néerlandais, où il prônait l'austérité budgétaire. Désormais, son discours est clair : les pays de l'Alliance doivent non seulement atteindre, mais dépasser l'objectif de 2 % du PIB en dépenses militaires. Lors d'une récente réunion à Bruxelles, il a martelé que ce seuil, établi en 2014 comme un objectif à atteindre d'ici 2024, n'est plus suffisant pour contrer des puissances mondiales .
« Maintenant, tout va bien, mais pour que cela reste ainsi dans cinq ans, nous devons investir davantage », at-il averti. La montée en puissance des menaces hybrides – cyberattaques, sabotage d'infrastructures critiques et pressions géopolitiques – impose une réponse rapide et concertée.
La Belgique dans la tourmente budgétaire
La Belgique, dont les dépenses de défense stagnent à 1,3 % du PIB, se trouve dans une position délicate. Atteindre les 2 % semble déjà ambitieux, alors parler d'un dépassement semble presque utopique. Pourtant, des voix s'élèvent au sein de la coalition Arizona pour accélérer cet effort, quitte à tailler dans les budgets des autres ministres
Lors de la réunion, Bernard Quintin, ministre belge des Affaires étrangères, a laissé entendre que des mesures drastiques pourraient être envisagées pour rassurer les alliés. Mais avec une échéance fixée à 2035 pour atteindre les 2 %, le défi demeure immense. Certains critiquent ce calendrier jugé trop lointain, alors que les menaces s'intensifient.
Vers un nouvel objectif ambitieux
Bien que Rutte n'ait pas précisé un nouvel objectif, des discussions évoquent déjà une barre à 3 % du PIB, une demande susceptible d'être formalisée par Donald Trump, futur président américain. Qualifiant le seuil actuel du « vol du siècle », Trump entend peser de tout son poids pour réorienter les priorités budgétaires de l'OTAN.
Mais investir davantage ne suffit pas. Rutte a déclaré le manque de compétitivité de l'industrie européenne de la défense. « Nous ne produisons pas assez, à des prix trop élevés, et les délais de livraison sont trop longs », at-il fustigé, appelant à une modernisation des chaînes de production.
La montée des menaces hybrides
Outre les questions budgétaires, les ministres de l'OTAN ont abordé des problématiques plus immédiates : la recrudescence des attaques hybrides. La Russie, en collaboration avec des alliés comme la Chine, l'Iran et la Corée du Nord, multiplie les actes de sabotage, notamment des infrastructures sous-marines. Les récents incidents en mer Baltique en sont une illustration frappante.
Pour contrer ces attaques, l'OTAN a adopté une série de mesures : intensification des exercices militaires, renforcement des échanges de renseignements et de la cyberdéfense. Une attention particulière sera également portée à la protection des infrastructures critiques et à la flotte fantôme russe, utilisée pour contourner les sanctions sur le pétrole.
L'Europe à la croisée des chemins
Face à ces défis, l’Europe se trouve à un tournant. Les priorités budgétaires doivent être réexaminées, tout comme les ambitions stratégiques. Les mois à venir s'annoncent cruciaux, notamment avec le sommet de l'OTAN prévu en juin à La Haye, où un bilan des mesures adoptées sera dressé.
Les propositions de Mark Rutte résonnent comme un avertissement : « Si nous voulons continuer à vivre en sécurité, nous devons investir dans notre avenir. »
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