Nouvelle équipe de Michel Barnier : «Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous», fustige Mathilde Panot
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 20 sept. 2024
- 4 min de lecture

Deux semaines après sa nomination, Michel Barnier, désormais Premier ministre, finalise les contours de son équipe ministérielle. Dans l’ombre des discussions animées, un gouvernement à l’allure de tournant historique se prépare à voir le jour. Jeudi soir, la liste complète des ministres a été soumise à Emmanuel Macron. En coulisses, les rumeurs filtrent, dévoilant un exécutif composé de 38 membres, dont 16 ministres de plein exercice, avec une alliance subtile entre sept macronistes et trois Républicains. Un casting qui, déjà, fait grincer des dents au sein de l’opposition.
Laurent Wauquiez, un poids lourd des Républicains, a rejeté l'offre de rejoindre Bercy, insatisfait de ne pas obtenir le Ministère de l'Intérieur, un portefeuille qu'il convoitait ardemment. Ce refus illustre les tensions qui marquent les tractations en coulisses. Pourtant, malgré ces désistements, la droite continue de se positionner en force au sein de cette nouvelle équipe, s'attirant les critiques acerbes de la gauche, furieuse de voir se former un gouvernement qu'elle estime trop ancré à droite.
La gauche en alerte : "Un gouvernement de la Manif pour Tous"
Le courroux de la gauche ne s'est pas fait attendre. À peine la composition du gouvernement esquissée, Mathilde Panot, cheffe des députés La France Insoumise (LFI), a fustigé cette future équipe, la qualifiant de "gouvernement de la Manif pour Tous", en référence à ce mouvement conservateur opposé au mariage pour tous. Ce vendredi matin, sur TF1, Panot n’a pas mâché ses mots en ciblant des figures de la droite, comme Bruno Retailleau pressenti pour l’Intérieur, ou encore Laurence Garnier, annoncée pour le Ministère de la Famille. La présence d’Othman Nasrou, à la tête du portefeuille de la Laïcité, n’a fait qu’attiser les critiques.
Pour Panot et ses alliés, ce gouvernement incarne une dérive de la macronie vers une "extrême droitisation". Dénonçant ce qu'elle perçoit comme une trahison des principes républicains, elle appelle la population à descendre dans la rue le 21 septembre pour manifester contre ce qu'elle considère être une imposture politique. En écho, Manuel Bompard, autre figure de LFI, n'a pas hésité à qualifier Emmanuel Macron et son entourage de "40 voleurs d’élections", sur le réseau social X. Le ton est donné : la contestation sera rude.
Une feuille de route déjà contestée
Pendant que l'opposition crie au scandale, Michel Barnier, quant à lui, reste focalisé sur ses priorités. Lors d’une réunion décisive avec ses alliés de droite et du centre, il a détaillé sa feuille de route : améliorer le niveau de vie des Français, renforcer les services publics, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, garantir la sécurité, maîtriser l'immigration et encourager l'intégration. Un programme ambitieux qui ne se limite pas aux seuls enjeux sociaux. Le nouveau Premier ministre compte aussi soutenir les entreprises et les agriculteurs tout en s’engageant à maîtriser les finances publiques et à réduire la dette écologique.
Ce programme, s’il peut sembler pragmatique, est perçu par certains comme une trahison de l’héritage social de la macronie. En effet, les rumeurs de futures hausses d’impôts, notamment pour les plus fortunés et les grandes entreprises, font grincer des dents au sein même de la majorité présidentielle. Gabriel Attal, successeur de Barnier à Matignon, a dû rassurer les troupes en affirmant qu’il n’était pas question de taxer davantage les classes moyennes et les travailleurs. Pourtant, la porte reste ouverte pour des mesures fiscales visant les hauts revenus, ce qui pourrait bien accentuer les tensions.
Une droite en quête de légitimité, malgré son échec électoral
L'une des grandes questions qui se pose est celle de la légitimité de ce nouveau gouvernement. Avec un groupe parlementaire réduit à 47 députés, Les Républicains semblent paradoxalement plus influents que jamais. Comment expliquer une telle situation ? Sous la Ve République, de nombreux membres de la droite considèrent qu'ils sont les détenteurs naturels du pouvoir. Pour eux, un gouvernement de gauche apparaît comme une aberration. Ce sentiment explique peut-être pourquoi, malgré leur faible présence au Parlement, les Républicains continuent de revendiquer une place prépondérante au sein de l'exécutif.
Cet équilibre précaire pourrait toutefois s'effondrer rapidement si Michel Barnier ne parvient pas à concilier les aspirations de la droite dure avec celles des centristes macronistes. La moindre erreur pourrait s’avérer fatale, surtout dans un contexte où chaque décision sera scrutée et critiquée par une opposition particulièrement active et une population en quête de réponses face à la crise économique et sociale.
La bataille de l'opinion publique : Une lutte acharnée pour l'avenir de la France
Au-delà des rivalités politiques, ce qui se joue avec ce nouveau gouvernement, c'est bien la bataille de l'opinion publique. Michel Barnier devra naviguer entre les attentes de ses alliés de droite, qui espèrent des réformes conservatrices, et celles des macronistes, qui redoutent un virage trop marqué vers une droite dure.
La gauche, de son côté, voit dans ce gouvernement l'incarnation d'une dérive autoritaire, une tentative de la droite de s'emparer du pouvoir malgré sa défaite électorale. Pour Mathilde Panot et ses camarades, il s'agit d'une trahison pure et simple des valeurs démocratiques. C’est pourquoi ils appellent à la mobilisation massive des citoyens, espérant transformer la rue en une arène politique capable de renverser le rapport de force.
Les prochaines semaines seront décisives. Entre la possible montée des mouvements sociaux, les débats parlementaires enflammés et les premières décisions du gouvernement, l’avenir politique de la France est plus incertain que jamais. Michel Barnier parviendra-t-il à maintenir son cap dans cette tempête, ou sera-t-il le symbole d’un gouvernement en proie à une instabilité chronique ? Une chose est sûre : le pays retient son souffle.