
Un départ précipité inattendu
Trois mois à peine, et la chute. Michel Barnier, nommé Premier ministre le 5 septembre 2024, vient d'inscrire son nom dans l'histoire de la Ve République, mais pas pour les raisons espérées. Ce mercredi 4 décembre, l'Assemblée nationale a voté une motion de censure avec 331 voix en faveur, 43 de plus que le seuil requis. À l'origine de ce désaveu ? L'usage controversé de l'article 49.3 pour faire passer en force le budget de la Sécurité sociale. Déjà fragilisé par l'absence d'une majorité solide, le gouvernement de Barnier n'a pas résisté à cette tempête parlementaire orchestrée par le RN et le NFP.
Le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République
À 73 ans, Michel Barnier, ancien commissaire européen et figure des Républicains, hérite du titre peu enviable de Premier ministre le plus bref de la Ve République : deux mois et 29 jours. Ce record supplantant même les courtes mandatures de Bernard Cazeneuve (5 mois et 9 jours) et Gabriel Attal (7 mois et 27 jours) reflètent une instabilité croissante au sommet de l'État. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, Matignon ressemble à une chaise musicale, avec cinq Premiers ministres successifs, chacun voyant son mandat écourté.
L'ère Macron a mis à rude épreuve le poste de chef de gouvernement. L'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale complique la gouvernance. Déjà à sa nomination, après des législatives anticipées tendues, Michel Barnier faisait face à une opposition prête à découdre. La gauche annonçait la couleur avec des menaces de censure, et le Rassemblement national le plaçait « sous surveillance ». Si Georges Pompidou et François Fillon ont marqué l'histoire par leur longévité, le règne express de Barnier illustre l'ère actuelle : gouverner sans filet devient une mission quasi impossible.
Avec la précarité qui s'installe à Matignon, une question demeure : qui osera encore s'y risquer ?