Ce lundi, dans le VIIIe arrondissement de Paris, Jordan Bardella a présenté pendant 1h30 les grandes lignes du programme du Rassemblement National. Le candidat à Matignon a exposé « les priorités du gouvernement d'union nationale » que le parti d'extrême droite souhaite mettre en place, en présence de Marine Le Pen et du dissident LR Éric Ciotti.Le président du RN, ambitionnant de devenir Premier ministre après les élections, a exposé ses priorités lors d'une conférence de presse à Paris : " la relance le pouvoir d'achat", " le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire", et " la reprise en main du contrôle de notre politique d'immigration". Répondant aux accusations d'abandon de certaines promesses, il s'est déclaré "le candidat de la vérité", affirmant qu'il " ne promettra pas ce qu'il ne peut pas tenir ". Voici un résumé de ses principales propositions.
" Big bang de l'autorité " sur l'école
Jordan Bardella, leader du Rassemblement National pour les prochaines législatives, a dévoilé lundi un " Big bang de l’autorité " pour l'école à partir de la rentrée de septembre, incluant l'interdiction des téléphones portables dans les établissements et l'instauration du port de l'uniforme. Il entend de "restaurer l'école en un sanctuaire inviolable, à l'abri des conflits extérieurs ". Le président du RN a également promis de rendre obligatoire " le vouvoiement des enseignants " par les élèves.
Il s'est engagé à éradiquer " à l’idéologie du pas de vague et au recul de la République dans ses propres institutions ", affirmant que l'État soutiendra " systématiquement " les enseignants, en introduisant " des peines plancher dans les conseils disciplinaires " et en créant des centres spécialisés pour accueillir " les élèves perturbateurs et harceleurs ".
ll a également promis de rétablir l'esprit de la " loi Ciotti de 2010, abrogée par François Hollande, qui prévoit la suspension des allocations familiales et des bourses scolaires en cas de perturbations graves et répétées au sein des établissements scolaires ".
En tant que fervent défenseur de " restaurer l’école publique dans son exigence et viser l’objectif d’un nivellement par le haut " il souhaite remplacer le " collège unique par un collège modulaire ", afin de permettre une " orientation plus précoce des élèves ".
Fin du droit du sol et certains postes interdit aux binationaux
Le président du Rassemblement national a également exposé ses priorités en matière de sécurité et d'immigration. Jordan Bardella a déclaré qu'il serait " le Premier ministre qui remettra la sécurité au cœur de l'action publique ", en mettant en place des " peines minimales et peines plancher qui permettront de casser la récidive ". Il envisage aussi de " suspendre les allocations familiales aux parents de mineurs récidivistes " et de " mettre fin à l'excuse de minorité ".
Il a précisé : " Nous instaurerons des peines d'incarcération courtes, d'application immédiate, par la généralisation de centres éducatifs fermés dédiés aux mineurs ".
Concernant l'immigration, " j'entends supprimer le droit du sol ", a-t-il confirmé. Il a justifié cette position en affirmant que " l'acquisition automatique de la nationalité française ne se justifie plus dans un monde à 8 milliards d'individus, et alors que se multiplient sur notre sol les épreuves quotidiennes de notre incapacité à intégrer et à assimiler ".
Pour expulser davantage de " délinquants et criminels étrangers ", le président du RN a proposé de " rétablir le délit de séjour irrégulier ". Cette " première étape législative " inclura aussi les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel au début de l'année sur le projet de loi immigration.
Dans le but " d'entériner ces mesures dans la Constitution française pour les rendre aussi intouchables par des jurisprudences européennes ou internationales ", Jordan Bardella cherchera à " convaincre le président de la République " d'organiser un référendum sur la base de l'article 11 de la Constitution.
Alors que son parti propose d'exclure les binationaux de certains postes publics, Jordan Bardella a déclaré lors d'une session de questions-réponses avec les journalistes que " aucun droit ne [serait] enlevé à un seul Français ", tout en précisant que " les postes les plus stratégiques de l'Etat [seraient] réservés aux nationaux français ". Il justifie cette mesure en affirmant vouloir lutter contre les " tentatives d'ingérences orchestrées par des intérêts étrangers ".
Retraites, santé, budget, pouvoir d'achat : de l'idée mais sans précisions ni modalités.
Sur le plan économique, Jordan Bardella semble renoncer à sortir du marché européen de l'électricité a réaffirmé que le RN souhaite réduire la TVA à 5,5% sur l'énergie, une mesure estimée à 17 milliards d'euros par le ministère de l'Économie. Il veut négocier une exception française avec Bruxelles à l'instar de l'Espagne.
Concernant les dépenses publiques, l'aspirant à Matignon n'a pas donné de chiffres précis, préférant confier à une " commission du bilan " la tâche de " faire la lumière sur les finances publiques et les dérives budgétaires sans précédent du pouvoir sortant ".
Il a exprimé son intention de s'attaquer aux " dépenses qui favorisent l'immigration " ainsi qu'à " certaines niches fiscales coûteuses et abusives ".
En cas de victoire aux législatives, cet audit budgétaire aidera le RN à définir plus précisément sa réforme des retraites. Dès cet automne, " les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans, qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans ", a-t-il affirmé. " Pour les autres, une progressivité sera mise en œuvre (...) avec un âge légal de 62 ans et un nombre d'annuités allant jusqu'à 42 années de cotisations ."
Jordan Bardella a précisé que son gouvernement se concentrerait d'abord sur la gestion des urgences puis sur les réformes. Il a défendu « la possibilité, pour les entreprises, d’augmenter les salaires sans peser sur le coût du travail et la compétitivité », ciblant les salariés gagnant jusqu’à trois fois le SMIC, avec des hausses pouvant atteindre 10 % « sans cotisations patronales pendant cinq ans ». Il a également annoncé « une part fiscale pleine pour le deuxième enfant » et la suppression des impôts sur les héritages directs pour les familles modestes et les classes moyennes. Les donations jusqu’à 100.000 euros par enfant tous les dix ans seraient exonérées d’impôts.
Un « fonds souverain » sera créé et le RN souhaite réduire la TVA sur les carburants et l’énergie, incluant le fioul, pour « redonner de l’oxygène à nos concitoyens »
Jordan Bardella a également présenté son programme sur la santé. Pour remédier aux déserts médicaux, le président du Rassemblement National propose de soutenir le retour à l'activité des professionnels retraités et promet des "incitations à aller dans les zones" désertées, sans en détailler les modalités. Le programme disponible sur le site du parti d'extrême droite ne fournit pas davantage de précisions sur ces mesures.
International : Russie, Palestine, pas de différence avec Renaissance
Sur le volet international, Jordan Bardella ne fera pas d'ombre à Emmanuel Macron.
Il est opposé à une reconnaissance d'un État palestinien : « ce serait reconnaître le terrorisme », a-t-il martelé. Il a ajouté " Je serai un bouclier pour nos compatriotes Juifs, face à un islamisme qui ne veut plus seulement se séparer de la République, mais la conquérir"
Sur la Russie, il a affirmé qu’il serait « extrêmement vigilant (face) aux tentatives d’ingérence de la Russie » s’il accède au pouvoir. « Je considère la Russie comme une menace multidimensionnelle à la fois pour la France et pour l’Europe », a-t-il déclaré, malgré les critiques fréquentes sur la proximité de son parti avec Vladimir Poutine. Bardella a précisé que « la Russie conteste aujourd’hui des intérêts français, depuis plusieurs mois, plusieurs années sur nos zones d’influence historique en Afrique, en mer Noire et aussi dans nos Outremers, en prenant fait et cause notamment pour les Comores » dans la crise migratoire qui touche Mayotte.
Enfin, Le RN souhaite rétablir les corps diplomatiques et préfectoraux supprimés par Emmanuel Macron.
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