top of page

Israël et le Plateau du Golan : un Échiquier de Tensions dans une Région en Ébullition

Dernière mise à jour : 10 déc. 2024



Une frontière explosive : le Golan au cœur des enjeux stratégiques

Surplombant le nord d’Israël et jouxtant la Syrie, le plateau du Golan est bien plus qu’un simple territoire. Cette étendue stratégique, annexée par Israël depuis 1967, demeure l’épicentre d’un conflit où se croisent ambitions territoriales, rivalités militaires et enjeux hydriques. L’armée israélienne a récemment renforcé sa présence dans la zone tampon séparant le Golan occupé de la Syrie, suscitant une cascade de condamnations internationales. Qualifiée de « violation flagrante » par l’ONU, cette incursion est interprétée comme une démonstration de force face à une Syrie morcelée, où les grandes puissances régionales, comme la Turquie et l’Iran, avancent également leurs pions.

Pour Israël, chaque mètre carré du Golan est vital. « Ce plateau offre une vue imprenable sur les mouvements ennemis, rendant tout geste hostile immédiatement visible et réprimable », explique Adel Bakawan, sociologue et directeur du Centre français de recherche sur l’Irak. Cette position dominante en fait un véritable rempart stratégique. Mais cette posture défensive masque des ambitions plus vastes : contrôler un territoire clé et consolider une frontière jamais reconnue par ses voisins arabes.


Le Golan : symbole de victoire et d’humiliation

Pour les Israéliens, le Golan incarne la victoire écrasante de la guerre des Six Jours, où Israël s’est affirmé face à une coalition arabe. Mais pour le monde arabe, ce territoire est le rappel cuisant d’une humiliation collective. « Le Golan est à la Syrie ce que l’Alsace-Lorraine fut à la France et à l’Allemagne », résume Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient. Ce symbole national, aux confins des frontières syriennes, jordaniennes et libanaises, cristallise un sentiment d’injustice qui alimente depuis des décennies les tensions géopolitiques.


Une bataille pour l’eau et le contrôle territorial

Loin d’être une simple frontière, le Golan est aussi une ressource vitale. Le plateau abrite les sources du Jourdain, cruciales pour l’approvisionnement en eau d’Israël. Les rivières Dan, Baniyas et Hasbani, qui irriguent la région, renforcent l’importance géostratégique de ce territoire. Dans une région où l’accès à l’eau est une arme de pouvoir, le contrôle du Golan devient une question existentielle.

Cette dynamique est amplifiée par le chaos syrien. Depuis 2011, le conflit a transformé la Syrie en terrain de jeu pour les ambitions iraniennes et celles du Hezbollah. La présence de ces acteurs sur le flanc syrien du Golan a renforcé la vigilance israélienne. En ciblant des centaines de positions militaires en Syrie, Israël envoie un message clair : toute tentative de consolidation militaire près de ses frontières sera impitoyablement neutralisée.


Le Golan, théâtre d’un nouvel affrontement régional

La réponse internationale à l’incursion israélienne dans la zone tampon a été unanime, mais sans effet concret. L’Iran, allié clé du régime syrien, a dénoncé cette action, tandis que la Turquie, malgré ses propres intérêts dans le nord syrien, a également exprimé son indignation. Recep Tayyip Erdogan a fermement condamné Israël, déclarant : « Nous ne pouvons permettre que la Syrie soit à nouveau divisée. »

Cette déclaration illustre les fractures profondes dans la région. La Turquie, autrefois alliée d’Israël, voit d’un mauvais œil l’avancée israélienne dans une Syrie déjà fragilisée par une décennie de guerre. Pendant ce temps, Israël profite du chaos pour solidifier sa mainmise sur le Golan, face à une Syrie incapable de défendre sa souveraineté territoriale.


Un conflit sans fin en vue ?

Dans ce jeu d’échecs où chaque mouvement redessine les contours de la région, le plateau du Golan reste un point d’ancrage de tensions inextinguibles. À court terme, les priorités syriennes sont ailleurs, notamment dans la reconquête des territoires morcelés. Mais le Golan reviendra inévitablement sur le devant de la scène. Ce territoire, théâtre de confrontations passées et actuelles, est une plaie ouverte dans le paysage géopolitique du Moyen-Orient.

Israël, en sécurisant sa position, s’assure un avantage stratégique indéniable. Mais à quel prix ? Ce territoire, riche en ressources et en symboles, reste le miroir d’une région en quête de stabilité. Tant que les ambitions resteront irréconciliables, le plateau du Golan continuera de cristalliser un conflit aux répercussions globales.


Vidéo associée : Israël profite du chaos en Syrie pour élargir son territoire



bottom of page