Iran : le réformateur Massoud Pezeshkian remporte l’élection présidentielle

Une élection sous haute tension

Avec plus de 16 millions de voix contre 13 millions pour Jalili, Masoud Pezeshkian a remporté une élection suivie de près par la communauté internationale. La participation, limitée à 49,8 %, souligne un désenchantement populaire dans un contexte économique difficile, exacerbé par les sanctions internationales. Organisée à la hâte après le décès tragique de l'ex-président Ebrahim Raïssi, la présidentielle a été scrutée avec une attention particulière, l'Iran étant au cœur de multiples crises géopolitiques.

Un candidat soutenu et contesté

Masoud Pezeshkian, soutenu par les anciens présidents Mohammad Khatami et Hassan Rohani, a réussi à fédérer un parti d'électeurs malgré un appel au boycott de figures de l'opposition. Ses partisans voient en lui l'espoir de changement et de progrès, tandis que ses détracteurs craignent une continuité de la politique conservatrice sous une autre forme. Saïd Jalili, connu pour ses positions intransigeantes, avait l'appui de Mohammad Bagher Ghalibaf, le président du Parlement.

Un message d'unité

Lors de son discours de victoire, Pezeshkian a insisté sur l'unité nationale : « Nous sommes tous des habitants de ce pays, nous devrions utiliser tout le monde pour le progrès du pays ». Son engagement à tendre la main de l'amitié à tous reflète son ambition de pacifier les relations internes et internationales de l'Iran. Cette élection symbolise un potentiel tournant pour une nation en quête de stabilité et de renouveau.

Un Mécontentement Grandissant

Le mécontentement populaire, alimenté par l'état de l'économie et les sanctions, a marqué cette élection. Hossein, un électeur de 40 ans, a voté pour Pezeshkian dans l'espoir de voir des changements concrets. Farzad, 52 ans, a exprimé son désir d'empêcher les radicaux d'accéder au pouvoir, en déclarant : « Cela fait quarante-cinq ans que nous crions mort à l'Amérique, ça suffit. On ne peut pas construire un mur autour du pays ». Ces témoignages reflètent une volonté collective de voir l’Iran s’ouvrir et progresser.

Des débats télévisés tenus

Les débats télévisés ont mis en lumière les profondes divergences entre les candidats sur les questions économiques et les relations internationales. Pezeshkian plaide pour des relations constructives avec Washington et les pays européens, tandis que Jalili reste fermement opposé à tout compromis avec l'Occident. Les restrictions imposées à Internet et le faible taux de participation ont également été des sujets brûlants lors de ces échanges.

Un contexte géopolitique complexe

L'élection de Pezeshkian intervient dans un contexte géopolitique complexe. Les négociations sur le nucléaire sont dans l'impasse depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et la réimposition de sanctions sévères. En tant que négociateur dans le dossier nucléaire entre 2007 et 2013, Jalili s'était opposé à l'accord de 2015, tandis que Pezeshkian prévoyait un référendum.

Un président aux pouvoirs limités

Malgré sa victoire, les pouvoirs de Pezeshkian restent limités par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Le président iranien, bien que chef du gouvernement, doit appliquer les grandes lignes politiques fixées par l'ayatollah. Cette structure de pouvoir complexe signifie que, malgré les aspirations réformistes de Pezeshkian, les changements pourraient être graduels et soumis à l'approbation des autorités conservatrices.

La victoire de Masoud Pezeshkian marque une étape importante pour l'Iran. En tant que réformateur, il incarne l'espoir de millions d'Iraniens pour une nation plus ouverte et progressiste. Toutefois, la route vers des changements significatifs reste semée d'embûches, et l'évolution des relations internationales et économiques dépendra de la capacité de Pezeshkian à naviguer dans la complexité politique iranienne. Son engagement à tendre la main à l'Occident pourrait ouvrir une nouvelle ère de coopération, offrant ainsi une lueur d'espoir à un pays en quête de renouveau.

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