
Le Kremlin Déplore une Rencontre Sans Résultats
Lundi dernier, le Kremlin a jeté un froid sur les conclusions de la conférence de paix sur l'Ukraine tenue en Suisse. Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a ouvertement critiqué cette réunion internationale qui s’est déroulée sans la présence de la Russie et de la Chine. Selon lui, toute discussion sérieuse sur l'avenir du conflit est vouée à l'échec en l'absence de Moscou. "Si l’on parle des résultats de cette rencontre, ils sont proches de zéro", a-t-il déclaré, soulignant l'importance de la présence russe dans tout processus de paix viable.
Une Unité Apparente et des Dissonances
Plus de 90 pays se sont rassemblés à Bürgenstock, au cœur de la Suisse, dans l'espoir de trouver une solution pacifique au conflit ukrainien. Les participants ont unanimement soutenu l’idée de dialogue et de respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine comme clés pour la paix. Cependant, le communiqué final de la conférence n'a pas fait l'unanimité. Des pays influents comme l'Inde, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tous proches de Moscou, ont refusé de le soutenir, révélant des fractures dans l'unité internationale.
Poutine et Zelensky : Positions Inconciliables
Alors que les débats faisaient rage en Suisse, Vladimir Poutine a réitéré sa condition pour des négociations : le retrait des forces ukrainiennes des régions qu'il revendique et l'abandon par Kiev de son aspiration à rejoindre l'OTAN. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a rejeté cette proposition, qualifiant les demandes de Poutine d'ultimatums inacceptables. Pour lui, la Russie et ses dirigeants ne sont pas prêts pour une paix juste, et il a affirmé que Moscou pourrait négocier la paix "dès demain" s'ils se retiraient des territoires ukrainiens.
Escalade sur le Front Est
Sur le terrain, la situation reste critique. L'Ukraine a accusé la Russie de redoubler d’efforts pour épuiser les forces ukrainiennes avant l'arrivée de l'aide militaire occidentale, notamment des chasseurs F-16. Les forces russes ont récemment progressé dans les régions de Donetsk et de Kharkiv, profitant des pénuries de munitions et de personnel côté ukrainien. Cette intensification des combats montre que, malgré les discussions de paix, la guerre continue de faire rage.

Un Texte Équilibré mais Contesté
Le sommet de Bürgenstock a donné lieu à un communiqué final que le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba, a qualifié d'“équilibré”. Toutefois, ce texte, qui réaffirme l'intégrité territoriale de l'Ukraine et condamne les agressions russes, n'a pas été signé par tous les participants. Des pays comme l'Afrique du Sud, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Inde, l'Indonésie et le Mexique ont exprimé des réserves, mettant en lumière les divergences sur la manière de résoudre ce conflit complexe.
80 pays ont appelé à ce que "l'intégrité territoriale" de l'Ukraine soit la base de tout accord de paix visant à mettre fin à la guerre suite à l'invasion russe, bien que certains pays en développement importants participant à la conférence ne se soient pas joints à eux.
Le communiqué commun a clôturé une conférence de deux jours à Bürgenstock, en Suisse, marquée par l'absence de la Russie, qui n'avait pas été invitée, mais dont de nombreux participants espéraient qu'elle se joindrait à une feuille de route pour la paix, ultérieurement.
Une centaine de délégations, pour la plupart des pays occidentaux, mais aussi quelques pays en développement importants, étaient présentes à la conférence — et les experts étaient aux aguets pour voir comment et si elles pourraient s'aligner sur le document final.
L'Inde, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis font partie des participants qui n'ont pas signé le document final, axé sur les questions de sûreté nucléaire, de sécurité alimentaire et d'échange de prisonniers.
Le Brésil, pays "observateur", n'a également pas signé, mais la Turquie, qui a cherché à jouer le rôle d'intermédiaire entre la Russie et l'Ukraine, l'a fait.
Le document final indique que la Charte des Nations Unies et "le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté peuvent servir et serviront de base à l'instauration d'une paix globale, juste et durable en Ukraine".
Viola Amherd, la présidente suisse qui a accueilli l'événement, a déclaré lors de la conférence de presse finale que le fait que la "grande majorité" des participants ait approuvé le document final "montre ce que la diplomatie peut accomplir".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué les "premiers pas vers la paix" lors de la réunion et a déclaré que le communiqué commun restait "ouvert à l'adhésion de tous ceux qui respectent la charte des Nations unies".
La Diplomatie à l’Épreuve
Volodymyr Zelensky a exprimé son espoir que le sommet suisse serait un pas vers le rétablissement de l’ordre international selon la Charte des Nations unies. Malgré l'absence de certains soutiens clés, Kyiv espère que cette conférence renforcera sa position diplomatique face à la Russie. L'objectif était de rallier un soutien large à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, mais l’absence de la Chine et le refus de plusieurs pays de signer le communiqué final ont limité les avancées.
Les Prochains Pas Diplomatiques
Dmitro Kouleba a reconnu qu’un dialogue avec la Russie serait inévitable à un certain moment, mais il a insisté sur le fait que l'Ukraine ne tolérera pas les ultimatums russes actuels. Le Kremlin, de son côté, a réitéré qu'il ne participerait à des négociations que si des garanties crédibles étaient fournies. Cette impasse laisse peu de place à l’optimisme quant à une résolution rapide du conflit.
Vers un Deuxième Sommet?
En dépit de ces défis, la présidence suisse a indiqué que les discussions se poursuivraient sous forme de groupes de travail, avec l’espoir d’organiser un deuxième sommet pour la paix. La possibilité d'une réunion en Arabie saoudite est évoquée, mais rien n’est encore confirmé. Les responsables européens, dont Ursula von der Leyen, ont souligné la nécessité de patience et de détermination pour parvenir à la paix. "Ce n’était pas une négociation de paix car Vladimir Poutine ne veut pas sérieusement mettre fin à la guerre", a-t-elle affirmé, soulignant que la Russie insiste toujours sur la capitulation de l'Ukraine et la cession de territoires, même ceux non occupés actuellement.
Une Paix Éloignée
En conclusion, la conférence de paix en Suisse a illustré les profondes divisions et les défis diplomatiques entourant le conflit en Ukraine. Alors que la Russie et l'Ukraine campent sur leurs positions respectives, la communauté internationale peine à trouver un terrain d'entente. Le chemin vers la paix reste long et incertain, avec des discussions qui continueront probablement à se heurter aux réalités brutales de la guerre sur le terrain et aux intérêts divergents des puissances mondiales.