
Mardi 18 juin et mercredi 19 juin, Vladimir Poutine effectuera une visite en Corée du Nord pour rencontrer Kim Jong Un, a annoncé le Kremlin aux médias russes lundi. Alors que les liens entre les deux pays se sont resserrés depuis la visite de Kim Jong Un en Russie, le renforcement de cette relation suscite des inquiétudes, notamment aux États-Unis et en Corée du Sud.
Moscou et Pyongyang toujours plus proche.
Près de deux ans et demi après le début du conflit en Ukraine suite à l'invasion russe, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis vingt-cinq ans, se rend en Corée du Nord pour rencontrer Kim Jong Un les 18 et 19 juin, selon une annonce du Kremlin faite lundi aux médias russes. Accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et de son ministre de la Défense, Andreï Belooussov, Poutine prévoit de signer des accords potentiellement décisifs, dont un possible accord de partenariat stratégique global entre la Russie et la Corée du Nord. Cette visite est présentée comme un geste significatif pour les deux nations.
"Ce traité, s'il est finalisé, sera bien entendu influencé par l'évolution profonde de la situation géopolitique mondiale et régionale ainsi que par les développements récents dans nos relations bilatérales", a déclaré Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, aux médias russes.

Quelques heures avant son arrivée à Pyongyang le 18 juin, Poutine a préparé le terrain en affirmant : "La Russie a soutenu la Corée du Nord et son peuple dans leur lutte pour défendre leur droit à l'indépendance, à l'originalité et au développement indépendant face à un ennemi rusé, dangereux et agressif, hier comme demain, et continuera de le faire fermement à l'avenir." Ses propos ont été publiés dans le journal officiel nord-coréen Rodong Sinmun et relayés par l'agence de presse gouvernementale KCNA.
La solidarité de Pyongyang envers l'offensive militaire russe en Ukraine a également été saluée par Poutine, qui a exprimé sa gratitude. Cette reconnaissance envers la Corée du Nord, malgré les sanctions internationales frappant les deux pays, renforce leur rapprochement initié depuis la visite de Kim Jong Un en Russie neuf mois plus tôt, en septembre dernier.
Lors de cette visite, les éloges mutuels entre les dirigeants n'avaient pas abouti à des accords formels, bien que Poutine ait promis d'aider Kim Jong Un à développer des satellites et d'avoir envoyé une aide alimentaire en réponse aux pénuries en Corée du Nord, selon les affirmations de Washington et de Séoul.
En mars 2024, la Russie avait bloqué au Conseil de sécurité de l'ONU toute surveillance des violations des sanctions internationales contre la Corée du Nord, une mesure significative qui aurait permis à Pyongyang de fournir des munitions en échange d'une aide de la Russie. À la fin de mai, l'agence de renseignement de la défense (DIA) a accusé Moscou d'utiliser des missiles balistiques nord-coréens dans le conflit ukrainien.
Tension à la frontière
Outre ces récents événements, la visite du dirigeant russe suscite des inquiétudes en Corée du Sud. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a exprimé le jeudi 13 mai sa vigilance concernant les préparatifs de la visite de Vladimir Poutine, dans un communiqué. Séoul a apporté un soutien militaire significatif à l'Ukraine, avec une visite récente du président sud-coréen Yoon Suk Yeol dans le pays et l'imposition de sanctions à l'encontre de la Russie. À la frontière intercoréenne, des événements ont surgi juste avant l'arrivée prévue du dirigeant russe à Pyongyang.

Selon les informations de l'état-major sud-coréen ce mardi 18 juin, "plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont traversé la ligne de démarcation militaire", avant de se retirer sous les tirs d'avertissement venant du Sud. Il s'agit de la deuxième intrusion de ce genre en moins de deux semaines, comme le souligne l'AFP. Le 9 juin dernier déjà, des soldats nord-coréens avaient brièvement franchi la frontière.
En outre, selon l'état-major sud-coréen, un autre incident aurait également eu lieu : plusieurs soldats nord-coréens auraient été blessés par l'explosion de mines qu'ils posaient le long de la frontière. Malgré cela, ils semblaient continuer leurs opérations, a précisé l'état-major à l'AFP.
Les Etats-Unis sur le qui vive
L'approfondissement des relations entre les deux pays est également une source de préoccupation. Les États-Unis craignent que cela n'affecte non seulement le peuple ukrainien, étant donné que des missiles balistiques nord-coréens sont utilisés pour cibler l'Ukraine, mais aussi la sécurité de la péninsule coréenne, selon les dires de John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

De son côté, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, depuis Washington, a commenté que cette visite démontre la dépendance croissante du président Poutine et de Moscou à l'égard des régimes autoritaires à travers le monde. Il a souligné que la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, enfreint désormais les sanctions imposées à la Corée du Nord, en la considérant comme l'un des soutiens clés de l'effort de guerre russe.
Cette visite revêt une importance historique pour le dirigeant russe, entamant son cinquième mandat en mars dernier. Vladimir Poutine avait précédemment visité la Corée du Nord il y a près d'un quart de siècle, peu après son accession au pouvoir, pour rencontrer Kim Jong-il, le père de Kim Jong Un.