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Guerre au Soudan : famine, épidémies et chaos humanitaire, le pays entre dans sa troisième année de conflit


Distribution alimentaire dans un camp de personnes déplacées à Kassal
Distribution alimentaire dans un camp de personnes déplacées à Kassala

Deux ans après le début du conflit entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, le Soudan s’enfonce dans ce que les ONG qualifient de "plus grande crise humanitaire au monde".


Mohamed Hamdan Dagalo
Mohamed Hamdan Dagalo

Le 15 avril 2023, une attaque lancée par les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hemetti », contre l’armée régulière dans la capitale Khartoum, a marqué le début d’un conflit sanglant. En quelques semaines, la guerre civile s’est propagée à l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, deux ans plus tard, le pays est ravagé par les combats, la famine, les épidémies et les déplacements massifs de population.





Selon les Nations unies, plus de 13 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, et plus de 30 millions de Soudanais – soit plus de la moitié de la population – ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. « C’est la plus grosse crise humanitaire au monde en termes de nombre de personnes concernées », alerte Caroline Bouvard, directrice pour le Soudan de l’ONG Solidarités International, jointe par France Inter depuis Gedaref, dans le sud-est du pays.

Des victimes du conflit réfugiées dans le camp de Zamzam, dans la région soudanaise du Darfour
Des victimes du conflit réfugiées dans le camp de Zamzam, dans la région soudanaise du Darfour
Abdel Fattah al-Burhane
Abdel Fattah al-Burhane

"Une situation catastrophique qui ne cesse d'empirer"


Malgré la récente reprise du palais présidentiel de Khartoum par l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, et l’annonce, le 21 mars 2025, de la reconquête de la capitale, les combats se poursuivent. L’Est du pays connaît un calme relatif, mais l’Ouest, en particulier la région du Darfour et les environs de la ville d’El Fasher, reste le théâtre de violents affrontements.



La famine marque les visages des enfants.
La famine marque les visages des enfants.

« La situation est catastrophique, et malheureusement elle ne s’améliore pas », déplore Caroline Bouvard. « Les combats s’intensifient dans plusieurs zones, les destructions sont massives, et la population manque de tout : d’eau, de nourriture, d’abris, de soins. »

Sur le terrain, Solidarités International tente de maintenir des convois humanitaires pour fournir des kits d’hygiène, de l’eau potable, des abris de fortune ou encore de la nourriture. Mais les conditions sont extrêmes.


Les populations déplacées vivent dans des camps précaires, où la promiscuité, le manque d’accès à l’eau potable et l’absence d’infrastructures sanitaires favorisent la propagation de maladies.



L’aide internationale en net recul

Caroline Bouvard
Caroline Bouvard

À cette crise humanitaire s’ajoute une inquiétude croissante : la chute drastique des financements internationaux. « L’an dernier, moins de 50 % des besoins ont été couverts. Cette année, les perspectives sont encore plus sombres », prévient Caroline Bouvard. « De nombreux bailleurs, dont les États-Unis, la France ou encore l’Allemagne, ont annoncé des coupes importantes dans leurs aides. »

L’ONG redoute que l’insuffisance des ressources compromette ses opérations dans les mois à venir. Si les États-Unis ont repris une partie de leurs financements, leur pérennité reste incertaine. « Nous faisons face à des retards de paiement et à de nombreuses incertitudes », poursuit-elle. « Pourtant, au vu de l’ampleur de la crise, une mobilisation massive et durable est indispensable. »


Un conflit encore loin de son dénouement

Malgré les victoires symboliques de l’armée, le pays reste profondément divisé. Si les troupes gouvernementales contrôlent aujourd’hui le nord et l’est, les FSR continuent d’occuper une large partie du sud et du Darfour, où elles exercent un pouvoir de fait. Les perspectives de paix demeurent lointaines, et des millions de civils restent piégés entre les lignes de front, dans l’indifférence relative de la communauté internationale.

Alors que le Soudan entre dans sa troisième année de guerre, les humanitaires appellent à une urgence absolue. « Sans un sursaut international, des millions de vies sont en danger », alerte Solidarités International.

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