Donald Trump relance la controverse sur l'exploitation minière des fonds marins
- Bleichner Lucie 🔸 Rédactrice 🔸
- 25 avr.
- 2 min de lecture


Jeudi 24 avril, Donald Trump a signé un décret ouvrant la voie à l’exploitation minière en haute mer, y compris dans les eaux internationales. Cette décision remet frontalement en cause le rôle de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), seule instance habilitée à réglementer l’extraction des ressources minérales en dehors des juridictions nationales. Une initiative qui suscite de vives réactions parmi les défenseurs de l’environnement, inquiets des conséquences pour les écosystèmes marins encore largement inexplorés.

Le décret présidentiel charge le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, d’accélérer l’évaluation et l’octroi des permis d’exploration et d’extraction de minerais au-delà des eaux territoriales américaines. Il sollicite également l’implication du ministre de l’Intérieur, Doug Burgum, pour les zones sous juridiction nationale. Un rapport est également demandé sur la faisabilité d’un mécanisme de partage des revenus issus de l’exploitation des grands fonds.
Cette volonté de contourner l’AIFM, dont les États-Unis ne sont pas signataires des accords fondateurs, alarme les ONG environnementales. "En allant à contre-courant du consensus international, les États-Unis risquent d’encourager d’autres pays à suivre cette même voie risquée", avertit Jeff Watters, vice-président d’Ocean Conservancy. Emily Jeffers, avocate pour le Centre pour la diversité biologique, dénonce quant à elle une mise en péril "d’un des écosystèmes les plus fragiles et méconnus de la planète", soulignant qu'une trentaine de pays soutiennent aujourd’hui l’instauration d’un moratoire sur ce type d’exploitation.

Du côté de Pékin, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé une initiative "contraire au droit international", estimant qu’elle "porte atteinte aux intérêts de la communauté internationale dans son ensemble".
Si aucun projet d’extraction minière commerciale n’a encore vu le jour, certains pays comme le Japon ou les îles Cook ont déjà délivré des permis d’exploration dans leurs zones économiques exclusives. Mais les États-Unis justifient leur démarche par des impératifs stratégiques. Le décret évoque "un défi économique et de sécurité nationale sans précédent", consistant à sécuriser l’accès aux minéraux critiques indispensables à leur industrie, sans dépendre de puissances rivales. En 2023, une trentaine de parlementaires républicains avaient déjà exhorté le gouvernement à s’engager dans l’exploitation des fonds marins, pointant du doigt les ambitions de la Chine dans ce domaine.
Sollicitée par l’AFP, l’AIFM n’a, pour l’heure, pas réagi officiellement.